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Correspondance 1912-1924 : le bénédictin et l'homme de barre

C. Paulhan, 2006
Grand Format

Valery Larbaud, Jacques Rivière

Art épistolaire, Correspondances, Discours

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Résumé

Lorsque Valery Larbaud (1881-1957) s'associe à l'hommage que La Nouvelle Revue française rend à son directeur, Jacques Rivière (1886-1925) qui vient de mourir prématurément, il écrit, pesant chaque mot : «Nous lui devons tous beaucoup : nous surtout, les premiers collaborateurs de cette publication, nous qui en avons vu les débuts héroïques et modestes. II nous a donné ses conseils, ses encouragements, son exemple et, pensée amère aujourd'hui : son temps. Et jusqu'à la fin, il aura été un de nos appuis et un de nos conseillers : nous écrivions toujours un peu pour lui, resté notre critique et notre juge ; nous étions inquiets, anxieux de connaître son opinion, et remplis de joie lorsque cette opinion était favorable ; car c'était celle d'un esprit fin, réfléchi, hors des modes, qui ne se laissait ni duper, ni surprendre, et qui était capable de reconnaître le mérite des ouvrages mêmes qui allaient contre ses penchants, contre son idéal moral.» C'est cette relation entre éditeur et écrivain, empreinte d'attentions et de diplomatie, que montrent les 149 lettres échangées de 1912 à 1924 entre Jacques Rivière et Valery Larbaud. Celui-ci est alors l'un des principaux auteurs des éditions de La NRF, mais aussi l'un des plus sûrs conseillers en littérature étrangère de la revue : grâce à Larbaud, les oeuvres de Samuel Butler, William Beckford, Thomas Hardy, Ramón Gómez de La Serna, arrivent en lecture à La NRF. Attentif, mais voué à une existence préservée de «bénédictin», Larbaud, toujours en voyage, toujours souffrant, sort parfois de sa réserve pour défendre ardemment les écrivains qu'il admire, comme James Joyce - que Jacques Rivière, lui, n'apprécie guère - ou Saint-John Perse. Il reste cependant très à l'écart du groupe de La Nouvelle Revue française, emmené par André Gide et «l'homme de barre» (Jacques Rivière) qui s'emploient à fonder, non sans tensions, une nouvelle morale intellectuelle. Cette correspondance croisée montre, au-delà de la «grande et fidèle amitié» que Larbaud et Rivière cultivèrent avec soin, les rouages de la fabrication, mois après mois, de la jeune NRF : l'incessant travail de lire les manuscrits, de relire les épreuves, de traquer les coquilles, de compenser les retards, de rattraper les occasions perdues, de s'attacher quelques justes réussites, le dispute, pour l'un comme pour l'autre, à l'essentiel qui est de composer, malgré l'inquiétude et la fébrilité, son oeuvre propre...

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