Blame!. Vol. 1

Œuvre singulière où l’organique et l’inorganique se confondent en un corps planétaire en constante expansion, 𝘉𝘭𝘢𝘮𝘦! est une quête crépusculaire en des lieux désertés à la vastitude immémoriale et insondable, une œcuménopole technorganique aux proportions cyclopéennes. Cette R’lyeh des temps à venir qui s’autogénère à l’infini fascine par le gigantisme de sa mégastructure, mais aussi et surtout par sa dimension architecturale, ingénierie biomécanique laissée à l’abandon, arpentée ici et là par de rares individus, êtres de chair et de métal livrés à eux-mêmes. Ce périple vertigineux empreint de mutisme captive également par l’ésotérisme de son intrigue, un récit nébuleux dont les clés de compréhension nous sont refusées, perdues parmi les vestiges maladifs d’une post-humanité régressive. Et c’est précisément sur ce point que réside sa plus grande force mais aussi sa plus grande faiblesse. Certains finiront happés et engloutis par la désuétude environnementale de cette machinerie dystopique, tentant d’extirper les obscurs secrets de ce futur antique. D’autres se révéleront forcément hermétiques à cet amoncellement progressif de zones d’ombre, sujettes à tant de questions qui resteront en suspens. Nous, lecteurs et lectrices, sommes et seront acteurs/trices d’une fouille archéologique sans précédent, explorant de gargantuesques édifices recelant les fragments épars d’une culture qui n’est plus. Empruntant autant aux cénobites infernaux de Clive Baker qu’au transhumanisme cauchemardesque de Hans Ruedi Giger - pour ne citer qu’eux - 𝘉𝘭𝘢𝘮𝘦! demeure à ce jour encore l’une des œuvres les plus cathartiques qu’il m’ait été donné de lire.

Nouveau format pour un "classique" du manga. Histoire de SF dont l'intérêt tient autant à L'ÉTRANGETÉ du lieux qu'à la trame elliptique. Comparable, selon moi, au Château de Kafka.