Enfant 44

Lorsqu’un livre vous donne envie de vous replongé dans vos cours d’histoire c’est que ça marche. Je n’avais que quelques souvenirs du régime russe à cette époque et j’étais loin d’imaginer ce que pouvais vivre la population. Un thriller qui mêle histoire et enquête, une virée au sein de cette patrie qui m’a totalement convaincu. Je vais avec plaisir continuer de découvrir la suite de l’histoire de Leo.

J’avais prévenu, après le film « Enfant 44 », le livre éponyme allait y passer, c’était inévitable. Ben voilà, c’est fait ! Léo est officier au MGB, la police politique de Staline, en 1953. Il accomplit sa mission sans états d’âme, il arrête, il interroge, il torture parfois. Lorsque, pour lui nuire, son épouse est accusée d’espionnage, il refuse de la dénoncer, sachant pertinemment ce que cela aura pour conséquence : il est exilé avec elle dans l’Oural. Là, enrôlé dans la milice (la Police), il découvre une série de meurtre d’enfants qu’il relie entre eux. Mais ces crimes ont tous été attribués à des déviants, des handicapés mentaux, des marginaux. En URSS, la criminalité n'existe pas, c'est une déviance capitaliste ! Leo, persuadé qu’il a à faire à un seul assassin va mener l’enquête au péril de sa vie, ce qu’il va découvrir va le bouleverser. L’atmosphère du thriller est sa principale qualité : la paranoïa surréaliste de la société soviétique, la répression aveugle, le manque de liberté total tous les niveaux (çà dépasse parfois l'entendement !) imprègnent le récit de bout en bout. C’est assez rare, les romans se déroulant à cet endroit et à cette période, et c’est l’occasion de s’immerger dans une époque fort heureusement révolue. Smith ne recule pas devant les scènes difficiles, les épisodes sordides et glauques. Beaucoup de ces choses d’ailleurs ont été gommées dans le film, et d’une certaine manière çà ne m’étonne pas, il est des choses difficilement montrables au cinéma. D’ailleurs le film s’est éloigné du livre suffisamment pour qu’on soit un peu surprise, même en l’ayant vu. En fait, l’intrigue du livre est plus complexe et riche que celle du film, comme souvent. Si l’écriture est fluide et qu’on arrive à la fin du roman sans s’en rendre compte, on reste quand même un peu dubitatif quant au dénouement et à l’explication du mobile de l’assassin. Dans un pays immense comme l’URSS de 1953, il est des coïncidences qui sonnent un peu « too much ». D’ailleurs j’ai compris tard l’intérêt du premier chapitre (Ukraine, hivers 1933) qui semble décalé avec le reste pendant avant de trouver une justification (un peu tirée par les cheveux) dans le dernier tiers du roman. Reste que les rebondissements s’enchainent bien, c’est très agréable à lire et on a envie de découvrir la suite, puisqu’il s’agit du premier volume d’une trilogie.

Étant une passionnée d'Histoire, j'ai dévorer cette enquête très documentée au cœur du monde soviétique de Staline. La population est embrigadée, lobotomisée , reprimée, conditionnée de façon assez hallucinante. Au même titre que le système de "police" ( Milice) ne croit pas aux deviances d'un homme qui pourrait tuer. Pour eux forcément ce sont des espions occidentaux.. c'est scandaleux et effrayant de réalité et d'injustice. Le climat de précarité qui régnait en Russie est extrêmement élevé. Cette enquête a été éprouvante, angoissante de bout en bout et quel twist sur l'identité du meurtrier . Je ne l'avais pas vu venir ! Une très bonne lecture quoi que j'aurais bien aimer une fin un peu plis étoffée !

Haletant, avec un rythme effréné et effrayant.

Ne vous laissez pas impressionner par le début et laissez vous porter par la suite. Magnifique livre!