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Résumé
Au Moyen Âge, les Français vivaient pour beaucoup loin de France. Du XIIe au XVe siècle, dispersés « depuis l'Arabie jusqu'à l'Irlande », c'est principalement hors du territoire de notre pays, à Dublin, Londres, dans les États latins d'Orient issus des croisades ou dans le Péloponnèse qu'ils prirent conscience d'une identité commune. Durant ces siècles, le plus ancien manuscrit de la Chanson de Roland, qui évoque la « douce France », fut rédigé en Angleterre. On entendait chanter en français dans les rues de Jérusalem. On bâtissait, à Chypre, de sublimes cathédrales gothiques, soeurs de celles de Paris et d'Amiens. Et c'est dans les régions francophones du Saint Empire romain germanique que l'usage du français se répandit précocement dans les écrits pratiques. Être Français n'avait alors rien à voir avec l'occupation d'un territoire ou la soumission à un pouvoir politique. La France était là où l'on avait le sentiment de faire partie d'une communauté de langue, dont découlait une culture, une vision partagée de l'homme et de la vie en société. Dans cet essai iconoclaste, Thierry Dutour invite à se défaire des préjugés qui nous présentent le passé à travers le prisme déformant des idées d'aujourd'hui. Avec un postulat renversant : avant le lien à une terre, avant l'État, il y avait les Français, sans souci de frontières.