Textes sans sépulture

La plupart des écrits ici rassemblés proviennent d'observations psychiatriques publiées entre 1850 et 1930. La première de ces dates correspond au début de l'intérêt des cliniciens pour ce qu' ils nomment, en consignant ses discours, la folie raisonnante, la seconde marque la fin des observations précises incluant, lorsqu' ils existent, les écrits des patients eux mêmes. Si leur lecture ne laisse jamais oublier la souffrance, ils sont parfois d'une beauté qui indubitablement dérangé. Ils interrogent, quand ils ne l'effacent pas une énigmatique frontière entre les écrits du délire et les égarements passagers des hommes dits raisonnables. Ils possèdent une qualité littéraire sans que l'on puisse précisément dire de quel art de ou de quelle transgression ils piocède. Hantés par le vide, ils sont pourtant habités. Et n'est-ce pas là l'un des traits de toute écriture qui vaille ? La terre non plus n'est pas ronde. On dit qu'il y a des antipodes, ce ne pas vrai, j'ai beaucoup marché, j'ai toujours eu les pieds en bas. J'ai vécu en Silibérie. C'est à un million de kilomètres derrière un nuage. Ce pays est habité par ceux qui ont déjà vécu. Le corps reste comme sur terre. On peut garder son haut-de-forme. »