Le beau parleur

Parfois on se ment, on se raconte des histoires pour essayer de se raccrocher à une réalité qui nous échappe. Pour tenter d'expliquer un comportement que l'on juge par normal. On décide en fonction de ce mensonge, on agit en conséquence et tout tourne autour de cette spirale qui peut durer toute la vie. Dans "Le beau parleur", c'est Vicente qui perd pied dans sa réalité parrallèle. Il est convaincu de faire ce qu'il y a de mieux pour lui et les siens et invente donc toute une histoire pour ne pas dire, pour justifier ses absences, ses comportements. Au début il y va franchement, par conviction même. Il sait que c'est nefaste pour lui et que ca ne peut pas durer trop longtemps mais il s'y jette quand même. Par nécessité. Par contrainte de la place sociale qu'il doit prendre suite au décès de ses parents. Alors il s'y perd. Enchaine les mauvais choix, se coupe des gens qui peuvent l'en sortir, fuit ses propres ressentis et trouve dans la résilience la réponse à toutes ses questions. C'est son petit frère Pedro qui va donner le coup de pied dans l'arbre et provoquer une réaction. Teresa Radice nous entraine alors dans une course initiatique pleine de rebondissement le long du Rio. On y croise des contrebandiers, des mélomanes, la difficulté des transports, quelques explications fraternelles et même une rencontre amoureuse. Tout y passe, les feintes, la ruse, les menaces, la fuite mais avec beaucoup de rires et d'émotions non feintes. Stefano Turconi habille l'ensemble de planches aux crayons, sublimes de couleurs, de visages expressif et de jungle luxuriante. C'est un régal haletant. Car parfois certains pensent que c'est la solution hein. Fermer les yeux, ne plus penser, ne pas s'écouter et entretenir la petite musique de la parodie sous couvert de normalité. Cela mène forcement à la destruction et à la peine, sauf à enfin avoir le courage d'affronter la réalité.