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Résumé
C'est ma mon que tu pointes du bout de ton arme, c'est ma vie qui y pend. Je crois voir tressaillir ton index sur la détente, il suffirait d'un tremblement de ta main, d'un hoquet soulevant ta poitrine, pour imprimer mon visage sur une photo jaunie. Alors, si tu décides de ma vie et de ma mort, tu me dois de m'entendre, de m'écouter. Tu me dois d'apprendre qui je suis, de savoir sur qui tu t'apprêtes à tirer. Je refuse, en cet instant où ma vie ne vaut guère plus que cette pierre au creux de ma paume, de partir rejoindre les milliers de lanceurs de pierres anonymes. Je veux que tu saches. Ne me regarde pas comme ça, petit. Comme si je pouvais quelque chose pour toi. Lâche cette pierre. Recule, petit. Un de tes cousins va faire une connerie et tu vas y passer. Ce sont de vieilles histoires, petit, tu n'y comprends rien. Même la poussière sur mes godasses, elle est à nous. Dieu nous l'a donnée ; ils ne t'ont pas dit ça ? Ils ne t'ont pas raconté que nous n'avons rien pris, que c'était à nous, que tout cela nous a été promis, que c'est écrit dans le Livre ? De part et d'autre de la frontière libano-israélienne, un adolescent palestinien et une soldate du Tsahal se font face. L'adolescent a une pierre à la main, la soldate le tient en joue. A quoi pensent-ils durant ce temps suspendu ? Que se diraient-ils s'ils pouvaient se parler ? Deux monologues intérieurs s'entrecroisent durant ce face à face d'une grande intensité. Inspirée des événements du 15 mai 2011 qui ont marqué une étape supplémentaire dans l'absurde spirale de la violence du conflit israélo-palestinien, cette rencontre imaginaire est racontée avec beaucoup de douceur, d'émotion et de poésie. Sans se vouloir leçon d'Histoire, le texte éclaire la nature du conflit à travers le regard de deux camps opposés qui se donnent de bonnes raisons de revendiquer une seule et même terre.