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L'invention des déchets urbains : France, 1790-1970

Champ Vallon, 2005
Grand Format

Sabine Barles

Histoire générale et thématique

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Prix neuf
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Résumé

En France, les municipalités produisent aujourd'hui 47 millions de tonnes de déchets par an ; elles consomment environ 6 milliards de mètres cubes d'eau et produisent à peu près la même quantité d'eaux usées. Les villes consomment donc beaucoup et perdent presque autant. Elles constitueraient, selon l'écologue Eugen Odum, des écosystèmes parasites, vivant au détriment des autres tout en affectant le fonctionnement biogéochimique de la biosphère. Déchets et eaux usées sont d'excellents traceurs des relations qu'entretiennent les sociétés et la nature et permettent de s'interroger sur la permanence du parasitisme urbain - question d'importance au regard des enjeux du développement durable. Une première analyse laisserait penser que l'industrialisation et l'urbanisation caractéristiques des deux derniers siècles ont renforcé le rôle destructeur des villes et la production de déchets de toutes natures : le déchet serait en quelque sorte consubstantiel à la ville. Sabine Barles revient ici sur cette hypothèse en montrant que l'invention des déchets urbains est relativement récente. L'analyse et l'exploitation du cycle des matières furent en effet déterminantes au cours de la première révolution industrielle. Leur circulation de la maison à la rue, de la rue et de la fosse d'aisances à l'usine ou au champ contribua au premier essor de la consommation urbaine. Scientifiques, industriels, agriculteurs - parfois confondus - regardèrent la ville comme une mine de matières premières et participèrent, aux côtés des administrations municipales, des services techniques et des chiffonniers, à la réalisation d'un projet urbain visant à ne rien laisser perdre, projet garant de la salubrité urbaine, du dynamisme économique et de la survie alimentaire. Ce n'est que lorsque industrie et agriculture purent se passer de la ville qu'elles lui abandonnèrent ses excreta au profit d'autres matières premières plus abondantes, plus rentables, plus commodes. De fait on assiste, à partir des années 1880, à une dévalorisation progressive des excreta urbains qui se feront plus tard déchets et eaux usées, malgré les tentatives faites çà et là pour leur trouver de nouveaux débouchés. Chimistes et agronomes se détournèrent de la ville qui échappa dès lors à leurs compétences. La ville, principal lieu d'une consommation dont elle avait dans un premier temps permis l'essor, rompait ses liens matériels avec l'agriculture et l'industrie et devenait ce que dénonçaient les premiers écologues urbains : un parasite.

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