La popularité de ce livre sur Gleeph
Résumé
«Et quand donc tous les livres valables cesseront-ils d'être illustrés de dessins pour ne plus paraître qu'avec des photographies ?» C'est ce que se demandait André Breton au début des années vingt. Ce vœu en son impatience montre le rôle déterminant de la photographie dans l'esthétique surréaliste. Son omniprésence dans la vie de tous les jours, dans les journaux, les «réclames» et les revues, fascinait les surréalistes, toujours prompts à débusquer le merveilleux dans le quotidien. Le merveilleux est le grand concept talismanique, la clé de la théorie surréaliste. Pour le comprendre, la photographie est essentielle : au milieu du tumulte et de la diversité des œuvres plastiques issues du surréalisme, il est difficile de discerner un principe d'unité stylistique. Mais la photographie, dans son apport à la «beauté convulsive», offre justement là une clé qui permet d'entrer comme à l'intérieur de l'esthétique surréaliste. Il est un préjugé fréquent, selon lequel la photographie, moyen d'expression «réaliste», serait fondamentalement incompatible avec un mouvement dédié au subjectif, au rêve et à l'inconscient. Pendant longtemps, la critique n'a vu dans la photographie surréaliste qu'une pâle imitation des œuvres créées par les peintres et c'est pourquoi elle est restée en grande partie inexplorée. Explosante-Fixe : photographie et surréalisme montre comment quelques pionniers mirent au service de la subjectivité surréaliste la faculté de constat de cet œil qu'est l'objectif photographique. Ce livre récuse aussi l'idée reçue qui veut qu'une photographie surréaliste soit nécessairement une image truquée. Les surréalistes ont, au contraire, largement exploité la photographie-vérité pour illustrer leurs textes littéraires ou théoriques. Personne auparavant (Walter Benjamin excepté) n'avait étudié ces photographies dans le contexte du roman, de la poésie ou de la prose qu'elles accompagnaient lors de leur première publication. Ce livre abonde en images fantastiques nées de la manipulation, en chambre noire, des jeux de la lumière et du hasard. Erotiques, inquiétantes, déconcertantes ou humoristiques, elles sont parmi les plus belles et les plus envoûtantes que la vision surréaliste ait inspirées à des artistes tels que Man Ray, Marcel Duchamp, René Magritte, Max Ernst, André Breton, Brassaï, Salvador Dalí, André Kertész, Raoul Ubac, Jaques-André Boiffard, Lee Miller et Hans Bellmer.