Le Degré zéro de l'écriture. Nouveaux essais critiques

Roland Barthes (1915-1980) – Le degré zéro de l’écriture (1953) Barthes est toujours vivant. Son degré zéro, et tous ses autres livres ensuite, on y revient toujours, car ils constituent l’un des trésors critiques de cette époque qu’on a nommé le structuralisme. Dans une écriture claire située entre le style savant et celui d’un véritable écrivain, Barthes pose les bases de la sémiologie dans son premier livre, en interrogeant les signes qui, au-delà du désir de communiquer ou d’exprimer, imposent un au-delà du langage qui construit l’institution de la littérature ; il étudie dans les textes les indices qui font que ceux-ci sont, au-delà du style et du contenu, de la littérature. Il formule dont un projet clair et intelligible : « écrire l’histoire des Signes de la Littérature », retracer ce qui fait que l’écriture s’impose comme étant de la littérature. Cette démarche lui permet de tenter de répondre à plusieurs questions : qu’est-ce que l’écriture ? Qu’est-ce que l’écriture d’un roman ? Y a-t-il une écriture poétique ? Ayant ainsi découvert que la littérature est l’Utopie du langage, il peut ensuite développer dans des textes célèbres son art du dévoilement à propos de Chateaubriand, Proust, Flaubert… Certes, ça n’est pas toujours facile à lire, mais peu d’obscurité là-dedans. Plutôt des richesses réflexives qui nous apprennent à mieux lire, plus profondément, différemment ; des richesses réflexives à prolonger par la lecture de ses livres suivants, et ceux d’autres auteurs tout aussi fascinants : Maurice Blanchot, Georges Bataille, Jean-Pierre Richard, Gérard Genette… On pourra compléter tout cela avec la lecture de la monumentale biographie de Typhaine Samoyault consacrée à Roland Barthes (Points Essais N°805).

Cet essai sur la littérature donne de véritables concepts sur le rapport entre l’écrivain et sa façon d’écrire, influencée par l’époque, par l’Histoire. Si le message adressé est nécessaire et beau, il n’en reste pas moins que son style ampoulé rend la lecture pénible.

L’écriture toujours fragmentaire, petits bouts par petits bouts. Ici, des articles, des préfaces. Barthes est brillant quand il parle de Proust et les noms propres, de Flaubert et la phrase, de Verne et l’organisation socio-économique, ou de l’Encyclopédie et l’image technique. La méthode est toujours la même : saisir une donnée de l’écriture, la conceptualiser puis la presser, pour en faire sortir le suc sémiologique.