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Résumé
Il y a un paradoxe de la division romanesque : c'est en s'offrant tout entière au regard, en affichant sans réserve l'appareil qui la signale et la désigne, qu'elle passe le plus souvent inaperçue. La Voie aux chapitres cherche à dissiper cette aveuglante familiarité de la disposition du roman. Derrière l'automatisme de la distribution en chapitres, ce livre fait redécouvrir la richesse multiforme de la surface textuelle. Du plus vaste «cycle» médiéval ou dix-neuviémiste au plus bref chapitre moderne, du recueil au «livre» ou au «chant», du dispositif paratextuel aux procédés et aux thèmes qui en accompagnent la scansion, il propose un cadastre du roman, un inventaire de ses espaces et de ses limites internes et externes. Du même coup, il entreprend de refonder les rapports, traditionnellement distants, de la poétique et de l'histoire de la littérature. Explorant les différentes périodes de la production romanesque française, du Roman d'Énéas à La Vie mode d'emploi, tout en mettant l'accent principal sur les époques classique et romantique, il illustre une poétique élargie, qui intègre les considérations historiques, sociales et matérielles sans lesquelles il est impossible de comprendre le fonctionnement du texte littéraire. Après avoir redéfini la stratégie du roman autobiographique dans Est-il je ? l'auteur s'interroge dans ce nouvel essai sur la validité du concept d'autofiction. Depuis quelques années, ce terme est en effet entré dans l'usage sans que l'on puisse déterminer s'il a pour vocation d'absorber les anciennes catégories - autobiographie, roman personnel, récit - ou de désigner un type réellement nouveau d'écriture du moi. Pour sortir de cette confusion il fallait tirer les fils de l'histoire. C'est pourquoi Philippe Gasparini s'attache d'abord à resituer le contexte dans lequel Serge Doubrovsky a lancé son néologisme, puis retrace les débats qu'il a soulevés. Les différentes définitions données par Jacques Lecarme, Philippe Lejeune, Gérard Genette, Régine Robin, Vincent Colonna, Marie Darrieussecq, sont ainsi mises en perspective avec les réflexions d'Alain Robbe-Grillet, Paul Nizon, Raymond Federman, Philippe Vilain ou Philippe Forest sur leur pratique de l'écriture. Ce parcours montre comment l'autonarration est peu à peu sortie de la clandestinité pour revendiquer un véritable statut littéraire. Il permet de dégager les principaux traits qui la caractérisent. Et il suggère que ce nouveau genre, fondé sur le doute, le fragment et l'altérité, peut aussi constituer un acte de résistance.