La popularité de ce livre sur Gleeph
Résumé
Ils viennent de jungles où l'on se fait une guerre sans nom et où, à douze ou treize ans, ils ont été torturés, forcés de porter les armes et de tuer des adultes, de montagnes d'Asie où des séismes ont détruit des villages entiers, de déserts où il n'y a que du sable à manger. Et parfois de faux pays d'accueil où leur unique horizon était celui de l'esclavage, le sexuel entre autres. Filles et garçons, ils n'ont pas de nom, pas de visage, ils existent à peine. Leurs signes distinctifs sont le plus souvent des cicatrices laissées par des baïonnettes, des fouets ou des couteaux. Quelques-uns échappent à la haine, à l'indifférence, aux passeurs escrocs, aux naufrages et aux barbelés des réglementations qui protègent les frontières. Quand ils arrivent en France, ils sont placés sous la protection de l'Aide à l'Enfance, et le sentiment tacite général est alors qu'ils sont tirés d'affaire. Que non. Ils affrontent alors un autre péril: la perte de l'identité. Faute de repères, de famille, d'amis, plongés dans une langue et une culture inconnues, harcelés par des souvenirs qui virent au cauchemar, ils risquent de n'être plus que des noyés dans une société qui croit s'être acquittée de ses devoirs d'humanité en leur concédant un lit et de quoi manger. Au service d'une association qu'il contribua à fonder au début de ce siècle, le Dr Pierre Duterte a traité des centaines de ces « cas » en s'efforçant de rétablir, non seulement leur santé physique, souvent gravement atteinte, mais aussi leur équilibre psychique. Il raconte quelques-unes des histoires que furent leurs traitements. Ce faisant, il brosse des portraits d'autant plus saisissants qu'ils ne doivent rien au romanesque. Il évoque incidemment les effets inattendus du portrait photographique sur des âmes au moi fracassé, parfois incapables de se reconnaître dans un miroir.