L'art contemporain dans le monde de 1960 à nos jours

Ce livre entend décrire et éclairer un demi-siècle qui voit, depuis les années 1960, au plan mondial, des transformations très profondes des pratiques artistiques, des formes de création et des rapports que leurs contemporains entretiennent avec elles. On mesure l'étendue des changements si l'on songe que vers 1960, peu de temps après la mort de Matisse et de Léger et alors que Picasso, Giacometti, Ernst, Miró ou Dalí sont encore actifs, l'art paraît dominé, d'une part, par ces survivants des avant-gardes de la première moitié du siècle, lesquels jouissent enfin de la reconnaissance générale qui leur a été refusée des décennies durant, d'autre part, par les différentes manières de l'abstraction, qui ont trouvé à New York leur centre et s'incarnent, après la disparition de Pollock, en De Kooning, Rothko ou Newman. À l'inverse, l'importance de Duchamp n'est encore saisie que par un petit nombre et l'histoire de Dada n'est pas véritablement constituée. Ceux qui apparaissent, vus d'aujourd'hui, comme les artistes les plus novateurs du moment n'en sont qu'au début de leur reconnaissance : Johns, Rauschenberg et Twombly à New York, les Nouveaux Réalistes à Paris. Mais c'est aussi peu avant ou peu après 1960 que surgissent le cinétisme, Stella, Ryman, Warhol, Hamilton, les premiers happenings de Kaprow, Fluxus, Yoko Ono, Nam June Paik, Beuys - et encore le groupe ZERO, les Anti-procès, Richter, Polke et Baselitz. Une époque naît, sans que l'on s'en aperçoive sur-le-champ. C'est elle que l'on s'est efforcé de comprendre et d'analyser ici, dans ses développements, dans sa continuité ; puis, à partir des années 1970, l'irruption d'une nouvelle génération - celle de Sherman, de Messager, de Gilbert & George, de Boltanski. L'étude de grandes étapes, poursuivie jusqu'aux années les plus récentes, est précédée d'une première partie qui identifie les nouveaux cadres de fonctionnement de l'art : l'éclatement des pratiques et des critères, la disparition progressive des centres au profit d'une pratique nomade du contact avec l'art, à travers le phénomène des foires ou des biennales et celui du poids du marché ; et, désormais décisif, le phénomène de la mondialisation.