La trilogie de la poussière. Vol. 2. La communauté des esprits

Ce 2nd tome de la Trilogie de la Poussière est bien écrit, rythmé et augure un final haletant. 7 ans après À la Croisée des Mondes, Lyra a 20 ans, elle est étudiante et le torchon brûle avec son dæmon Pantalaimon. Ils ne se supportent plus et ne savent pas quoi faire pour résoudre le problème. Un beau jour Pan s'en va et Lyra se lance à sa recherche. De nombreuses péripéties vont la conduire à traverser l'Europe jusqu'en Asie Centrale. En chemin, elle assistera à des situations dramatiques voire en sera elle-même victime. Témoin d'une époque troublée, contrainte à faire preuve une nouvelle fois de courage et de réflexion, elle peut compter sur ses soutiens de toujours et de nouveaux alliés. Car elle doit aussi faire face à un vieil ennemi, le Magisterium et certains de ses membres qui n'en ont pas terminé avec elle. Il s'agit d'une belle représentation du passage à l'âge adulte et des difficultés qu'il soulève, de la fragilité d'une jeune adulte solitaire qui se cherche. L'auteur s'est également emparé de sujets très actuels : crise migratoire, traite d'êtres humains, tensions religieuses, pauvreté, terrorisme... Au cœur de cette mêlée, l'on trouve aussi un questionnement autour de l'opposition entre la raison et l'imagination. Comme toujours il n'hésite pas à aborder avec le jeune public des sujets complexes. Cela rend l'histoire encore plus prenante et réaliste.

Quelle joie de retrouver Pantailamon et Lyra ! Ou peut-être pas ? Leur alchimie perdue, c'est toute la structure et la dynamique du récit qui changent. Là où La Belle Sauvage (premier tome de la trilogie) se présentait comme le prologue d'À la Croisée des Mondes, La Communauté des Esprits en est la suite. Ce deuxième tome de La Trilogie de la Poussière est en celà particulier, car il commence une nouvelle aventure pour le binôme. La mise en place est longue, comme elle pourrait l'être pour un premier tome d'une série. Encore une fois, on bouleverse les rythmes. Dernier élément qui vient nous bousculer : l'introduction d'un certain nombre de nouveaux éléments puisque Pullman approfondit son univers en nous plongeant dans les abysses les plus intimes de son fonctionnement. Viennent aussi s'ajouter de nouveaux personnages importants, mais aussi des données géopolitiques qui noircissent et épaississent l'histoire. Alors oui, on aime retrouver Lyra et Pantailamon, d'autant qu'ils changent et continuent d'évoluer au fil des pages. La jeunesse de Lyra est brisée, une nouvelle course contre la montre se met en place... Hâte de voir comment se concluera cette odyssée ! En espérant que son dernier tome ne soit pas précipité tant les nouvelles problématiques sont nombreuses et complexes.

Il y a des personnages que l’on retrouve toujours avec un peu d’émotions. Parce qu’il.elles nous ont accompagné, parce qu’on les a « vu » grandir et évoluer. Et c’est bien le cas de Lyra, que l’on a suivi ado dans la trilogie « A la croisée des mondes » et tout bébé dans le premier volume du « livre de la poussière ». Dans celui ci, elle a grandit, elle a 20 ans et elle étudie à Oxford. Et puis un meurtre teinté de mystère et une disparition vont l’amener à voyager loin, très loin de l’Angleterre, dans les contrées éloignée de l’Asie Centrale. Une aventure périlleuse, parfois dangereuse, avec quelques retrouvailles et peuplée de rencontres uniques, de contes et légendes locales, comme sait bien le faire Pullman. Avec un bien beau cliffhanger final (merci pas merci Philip). Ce que j’ai beaucoup apprécié c’est que l’auteur interroge de manière plus approfondie la question de la relation entre l’humain et son dæmon. Elle n’est pas toujours aussi simple et apaisée que l’on pourrait se l’imaginer (même si des personnages comme MmeCoulter ou Bonneville nous le montrent). Et, à travers ce livre, Pullman aborde aussi la question du passage à l’âge adulte, avec son lot d’assurance et de fragilité. Et il montre une nouvelle fois qu’il a confiance en ses lecteur.rices.

Une suite bien ficelée, des personnages complexes et vraiment intéressants. Des passages à vous glacer le sang, d'autres à ressentir une rage intense. Parfait.

La prise en maturité par rapport à la première trilogie est violente. Pullman aime bien nous rappeler que Lyra est désormais adulte, le monde est bien plus cruel, et les intrigues politiques prennent beaucoup plus d’importance (servant toujours les prises de position piquantes de Pullman, que j’apprécie). C’est si dur tout de même de voir le personnage de Lyra devenu si terne, endoctriné, et sa relation avec Pan déchirante, mais cela s’explique bien au fur et à mesure de ce gros bouquin qui se lit bien quand même, et on voit les prémices d’une grosse prise de conscience chez elle. La fin nous laisse sur un tel suspens, la suite, vite !