L'évangile des anguilles

À sa sortie, ce livre a eu un tel succès que les droits étrangers se sont négociés aux enchères. C’est pourtant un premier ouvrage pour l’auteur, le journaliste suédois Patrik Svensson. Il y traite de la mystérieuse biologie des anguilles, qui alimente, depuis les temps anciens, les travaux des chercheurs autant que la mythologie. L’intérêt de l’auteur pour cet énigmatique amphihalin remonte à son enfance, lorsqu’il partait pêcher avec son père. Cette relation initiatique a son importance, car elle met en exergue l’esprit de curiosité et comment l’anguille, comme tout autre sujet, porte en soi son interdisciplinarité. L’alternance des chapitres, récit/essai, donne à l’ensemble une saveur remarquable. D’Aristote à Georg Steller, les biologistes continuent à creuser l’insondable. Svensson se limite à l’anguille européenne, dont la zone de frai se situe dans la mer des Sargasses – une autre espèce pond dans la mer de Corail –, ce qu’a découvert le Danois Johannes Schmidt au tout début du XXe. Mais on n’a jamais observé dans cette mer anguille maternelle ou même adulte... Ni d’ailleurs ébats ou fécondation. Un nombre incroyable de chercheurs ont planché sur ce serpentiforme, avec des théories parfois délirantes, que rapporte Svensson avec une drôlerie placide. Même le tout jeune Freud, qui se rêvait encore biologiste, a clumé devant la paillasse pendant des mois pour trouver où la bestiole camoufle si bien son sexe. On en est même venu à se demander si l’anguille est bien un poisson...

"𝐴 𝑚𝑒𝑠𝑢𝑟𝑒 𝑞𝑢'𝑖𝑙 𝑝𝑟𝑜𝑔𝑟𝑒𝑠𝑠𝑒 𝑣𝑒𝑟𝑠 𝑠𝑜𝑛 𝑜𝑏𝑗𝑒𝑐𝑡𝑖𝑓 𝑎𝑛𝑛𝑜𝑛𝑐𝑒́ 𝑑𝑒 𝑐𝑜𝑛𝑞𝑢𝑒̂𝑡𝑒 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑛𝑎𝑡𝑢𝑟𝑒, 𝑙'ℎ𝑜𝑚𝑚𝑒 𝑙𝑎𝑖𝑠𝑠𝑒 𝑑𝑒𝑟𝑟𝑖𝑒̀𝑟𝑒 𝑙𝑢𝑖 𝑢𝑛 𝑖𝑚𝑝𝑟𝑒𝑠𝑠𝑖𝑜𝑛𝑛𝑎𝑛𝑡 𝑠𝑖𝑙𝑙𝑎𝑔𝑒𝑠 𝑑𝑒 𝑑𝑒𝑠𝑡𝑟𝑢𝑐𝑡𝑖𝑜𝑛𝑠, 𝑎𝑓𝑓𝑒𝑐𝑡𝑎𝑛𝑡 𝑙𝑎 𝑇𝑒𝑟𝑟𝑒 𝑜𝑢̀ 𝑖𝑙 ℎ𝑎𝑏𝑖𝑡𝑒 𝑒𝑡 𝑙𝑒𝑠 𝑒̂𝑡𝑟𝑒𝑠 𝑞𝑢𝑖 𝑝𝑎𝑟𝑡𝑎𝑔𝑒𝑛𝑡 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝑙𝑢𝑖 𝑐𝑒𝑡𝑡𝑒 𝑑𝑒𝑚𝑒𝑢𝑟𝑟𝑒." J'ai ouvert ce livre en ne sachant pas trop à quoi m'attendre. Bien sûr, je savais que cela parlerait des anguilles, cependant, je m'attendais à quelque chose comme une histoire, alors qu'en réalité, ce n'est pas seulement cela. Tout au long de la lecture, l'auteur alterne de l'histoire d'un père et de son fils qui pêchent l'Anguille avec des chapitres plus descriptif sur l'Anguille de sa "naissance" à sa mort, une sorte de chapitre documentaire. Je ne vais pas mentir en disant que l'anguille est un sujet qui me passionne, seulement, l'auteur a reçu l'équivalent du Goncourt suédois pour cet ouvrage, alors ma curiosité à pris le dessus, et pour le coup, même si ce n'est pas mon genre de lecture, je dois avouer que j'ai plutôt bien accroché. La plume de l'auteur est assez souple, et les passages de narration entre le père et son fils m'ont énormément plu, beaucoup d'émotions et de partages entre un père et un fils lors de ces passages. De plus, j'ai appris énormément de choses sur l'anguille, ce poisson si énigmatique pour tant de scientifiques. Certaines découvertes, sont, par exemple, on ne peut plus récente. Les plus grands scientifiques se sont penché sur le cas si fascinant des anguilles, tel que Freud ou encore Aristote. Des anguilles qui ont longtemps mis les nerfs à rude épreuve de nombreux scientifiques. Par exemple, saviez-vous que la découverte d'un sexe masculin ou féminin chez l'anguille a été découvert après plusieurs années de recherches ? Je referme ce livre avec le cerveau rempli d'informations. De tellement d'informations que je ne retiendrai pas tout, mais je connais maintenant le cycle de vie des anguilles, la manière de les pêcher, mais aussi qu'ils sont en danger critique d'extinction par la faute des humains notamment. Quel plaisir que de refermer un livre en ayant appris des choses. Et vous, êtes-vous prêt à découvrir l'anguille sous toutes ces formes ?

Voici une lecture qui aurait pu me plaire davantage. Patrik Svensson nous plonge dans la recherche de soi au travers des origines. Et pour cette quête, il va s’approprier d’une manière inattendue et surprenante la vie des anguilles. Poisson légendaire et mystérieux qui depuis la nuit des temps donne des sueurs froides à tout scientifique qui s’y pique. Un parallèle incongru mais qui doit avoir une certaine évidence que je n’ai malheureusement pas su voir ni comprendre. L’anguille a une part très importante tout au long du récit intime que délivre Patrik Svensson. Elle devient ce symbole intergénérationnel, de souvenirs, de coutumes, d’un pays (la Suède). L’anguille devient l’emblème de la transformation, du mystère, de la fuite du temps, de la temporalité, de l’immortalité et de l’échec. Cet échec puissant qui se trouve dans la disparition définitive, la mort. Tout au long de son exposé argumenté et très bien documenté, Patrik Svensson interroge le lecteur sur l’idée de l’écologie, de la transformation de nos modes de vies et leurs conséquences inéluctables. Un discours alarmant qui tend à annoncer la fin de ce quelque chose qui fait peur.   La partie documentée est particulièrement fournie avec des références scientifiques de la Grèce Antique à nos jours. J’ai suivi tout ce parcours d’études qui prouve la ténacité des chercheurs mais qui en contrepartie dénonce leur impuissance face au grand monde. Riche en détails, le récit intime n’a pas la même profondeur. L’auteur ayant choisi de rester succinct dans son développement allant à quelque redondance.   Je suis arrivée à la conclusion que je suis passée littéralement à côté de ce roman. Je n’ai pas su me saisir de l’objectif de ce roman pour autant j’ai apprécié le côté documentaire. Un roman quelque peu rigide dans les différentes transitions et parfois redondant. Je ne connaissais point la grande odyssée de l’anguille me voilà maintenant imbattable à son sujet.   Un roman qui se laisse découvrir malgré tout !

On découvre le passionnant et mystérieux cycle de vie des anguilles. Après cette lecture on les voit de façon très différente. Instructif avec une vraie émotion sur la fin. Mais manque un peu de rythme. L écriture est factuelle.

On regarde les anguilles d’une autre façon