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Résumé
La question nationale est la principale clé de lecture de l'histoire géopolitique européenne au XIXe siècle. Proclamée par la Révolution française, elle débouche d'emblée sur une confrontation avec les penseurs allemands (Herder, Fichte...) à propos du sens des mots et du contenu des idées de la nation. Cette mésentente radicale culmine au sujet de l'identité de l'Alsace en 1870. Pendant tout le XIXe siècle, l'Europe entière est agitée par ce débat que les traités de paix de 1919-1920 ne feront pas disparaître. La question nationale change la face du continent, simplifiant les cartes (Italie, Allemagne) ou les surchargeant (décombres de l'Empire ottoman). D'abord progressiste avec le célèbre principe des nationalités, l'idée de nation montre par la suite un visage plus grimaçant dans le pangermanisme comme dans le «nationalisme des nationalistes» qui agite la France, l'Italie et la Russie à la fin du siècle. Tantôt elle sape les fondements de l'Etat comme dans l'Autriche des Habsbourg, tantôt elle le seconde efficacement dans sa construction d'une nouvelle citoyenneté comme dans la France de la IIIe République. Ce livre rigoureux et accessible montre que la nation tire sa force de son imbrication avec d'autres puissants éléments de l'identité : l'histoire, la langue, la religion, voire les inégalités du développement économique et social. Face à Metternich comme au libre-échange des années 1860, la nation a prouvé qu'elle savait résister aux défis des glaciations politiques et des mondialisations. La leçon vaut bien au-delà du XIXe siècle.