Le silence des vaincues

J’ai relativement apprécié cette lecture néanmoins je pense qu’elle est moins appréciable si on connait déjà le mythe a l’origine du roman. Connaissant déjà la suite des événements, je lui ai trouvé quelques lenteurs

Je suis tombée sur Le Silence des Vaincues complètement par hasard et après avoir lu Madeline Miller, je voulais plus de mythologie. Je ne suis clairement pas déçue. J’ai retrouvé la beauté des instants et la cruauté du monde dans ce texte et ça m’a touché. Le personnage de Briséis est profond et déchirant, tout autant que chaque personnage décrit dans cette histoire. Je ne peux que recommander ce livre et j’ai hâte de lire encore de cette autrice !

Super touchant, j’ai personnellement ressenti un vide après la lecture, l’effet ne part jamais vraiment

J'ai pris une grosse claque avec ce roman ! À l'instar du Chant d'Achille de Madeline Miller, qui m'avait totalement secouée lors de sa lecture, celle-ci m'a tout autant chamboulée, et peut-être même plus. Bien sûr, les faits de la Guerre de Troie, pour un peu qu'on s'y intéresse, on les connaît. Certains nous répugnent, beaucoup nous écœurent, mais dans l'histoire, telle qu'usuellement racontée, on est rarement émus aux larmes. Émus de chagrin, par la peine ressentie, par les outrages infligés et par la douleur de toutes ces femmes, si brillamment évoquées ici, mais aussi par celle d'Achille, qu'on nous décrit assez peu souvent. Appréhender cette histoire d'un point de vue différent, avec une telle sensibilité, et une plume si émouvante, a rempli d'humanité des actes qui en sont totalement dénués. Et malgré cette cruauté affligeante, que la voix des femmes, d'ordinaire toujours muettes, ait pu surgir dans cet excellent roman, en fait une œuvre magistrale de féminisme.

Ce n'est pas une réécriture, c'est une appropriation exceptionnelle. Pat Barker apporte un souffle au monde pourtant si vieux de la mythologie, une modernité qui ne déconcerte pas mais qui offre une nouvelle respiration aux mythes. En assimilant ces récits tragiques, elle remet au devant de la scène le sort des femmes capturées et utilisées lors des batailles héroïques qui confrontaient les Grecs et les Troyens. Il y a un message puissant, féministe, une reconfiguration de l'histoire, et une nouvelle focalisation sur ces femmes souvent oubliées. Aussi, Pat Barker ne banalise pas la guerre. Non, elle n'en fait pas un tableau, ni ne le cristallise dans un regard lointain, ignorant, un regard qui se veut indifférent de la sauvagerie et de la barbarie. Non, Pat Barker étale les violences de la guerre avec les mots. Elle décrit l'inhumain, la tuerie, la rage grecque. Le chapitre 34 me fait encore tressaillir : ces meutres sanglants causées par des mains sans regrets et des yeux sans honte ni scrupule se retrouve dans les mots de Pat Barker ; et c'est puissant, et terrifiant. Pat Barker s'engage ; Pat Barker crit et on l'entend, et on l'applaudit.