Chroniques littéraires, 1954-1977

La légende de Pascal Pia, on peut la respecter, l'entretenir, la nourrir, la combattre ou la nier. Peu importe. Ce qui doit compter, pour le lecteur de ce recueil de Chroniques littéraires, c'est de disposer à présent de la plus libre, de la plus vivante - de la plus subversive aussi - des histoires de la littérature. Elle est à savourer lentement, dans une ambiance d'école buissonnière, loin des écoles, des académies, des institutions, et en goûtant cet humour feutré, souvent teinté d'amertume, parfois mordant, notamment dans les pages où Pia traite d'un ouvrage dont le ton ou le contenu lui apparaissent discutables, déplaisants ou médiocres. Il use, comme à plaisir, d'un formalisme d'une autre époque, et l'on peut sourire devant ces jubilatoires « Mlle de Beauvoir », comme on peut trouver glacés ces « M. Camus » qui sonnent en glas d'une amitié morte. Est-il utile de le préciser ? Pia, dans ces chroniques, récuse de principe toute idéologie, et ce n'est pas sous sa plume qu'on doit s'attendre à trouver des apologies du comparatisme, de l'intertextualité ou du structuralisme, dont il avait compris ce que vaut l'aune, et même le kilomètre.