Journal intime : décembre 1916-juillet 1918

Difficile de ressortir de cette lecture captivante sans se sentir bouleversé par le funeste destin de la famille impériale russe. À travers ce journal intime, ce qui frappe chez Nicolas II c'est cette force calme face à la gravité des évènements. Une légèreté déconcertante, même lors d'un acte aussi important que son abdication... Comme très justement mentionné dans la préface, sa capacité à parler de presque tout sauf de politique et de l'actualité tragique est troublante. Au contraire, Nicolas II se résout avant tout à parler de ses activités journalières, souvent en extérieur, et de la santé de ses proches. Ce n'est qu'à l'aube de son exécution qu'il commence à exprimer sa tristesse et son indignation face à la dureté progressive des conditions inhumaines de détention et de la barbarie imposées par les geôliers bolcheviques. Impossible que ce destin ne nous rappelle pas celui de Louis XVI, avec qui il partage bon nombre de points communs... Ce journal intime nous montre le père aimant que Nicolas II était, protecteur de ses filles, au chevet de son fils Alexis et plus que tout amoureux de sa femme, un homme très pieux mais également grand patriote et entièrement dévoué à sa Russie. Ses erreurs ont été nombreuses mais on ne peut que s'interroger sur le mérite d'un tel sort, appliqué également à l'entièreté de la famille et même aux enfants, pourtant innocents et distants face à tous ces troubles politiques... Un précieux document qui laisse comprendre, au fil des pages, le terrible état de santé mentale du tsar, avec des lignes parfois presque déjà annonciatrices d'une mort certaine et prochaine. Félicitations à Jean-Christophe Buisson pour la postface captivante et pleine de détails pertinents permettant de mieux saisir le déroulement de la sauvagerie inouïe de cette exécution décidée et programmée par le pouvoir central. Une lecture atypique mais passionnante pour mieux comprendre ces années décisives de l'histoire russe et mondiale en ce début de XXe siècle!