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Résumé
La Manufacture de Sèvres a accueilli en résidence Nicolas Frize entre 2006 et 2009, pour conduire une recherche instrumentale originale autour de la porcelaine. Le compositeur y a mené un travail inédit d'invention musicale en relation étroite avec les artisans de la Manufacture. L'instrumentarium de porcelaine qui est né de cette longue recherche de lutherie est entièrement blanc, biscuité ou émaillé. Des centaines d'objets sonores suspendus, posés, accrochés, imbriqués, de toutes formes et de toutes tailles, légers, précis, parfois miniatures, mystérieux, silencieux, ont été confiées aux interprètes : une collection de bols tournés, une cabassa ou un udu sortis d'un vase, des claviers de lames rondes, un arbre à assiettes, des triangles ondulés, des feuilles frottées, des chimes faits d'anses de tasses ou de fin colombins, une vasque à boule, un « volutophone », un plateau à billes, des goulottes chantantes, des pluies rebondies, des galets découpés, des dés à dix doigts, une coupe à fruit pour archet de contrebasse, des baguettes scintillantes, des aiguilles dansantes, un hautbois baroque en porcelaine... Vers la fin de sa résidence, Nicolas Frize a invité Jean-Pierre Drouet, percussionniste et compositeur, à co-écrire une partition originale pour cet instrumentarium singulier. Une série de concerts a été donnée à la Manufacture et aux Beaux-Arts de Paris. Nathalie Réveillé, historienne des arts, a suivi de près la démarche du compositeur. En réalisant des entretiens avec des artisans de Sèvres, en menant une analyse fine et complète du dispositif de création, de l'expérience humaine, du travail de composition et des choix scénographiques, elle donne à comprendre les enjeux d'une telle rencontre artistique. Les cahiers photographiques qui ponctuent le texte viennent souligner combien ces instruments délicats, et parfois délicieusement iconoclastes, trouvent leur place singulière et silencieuse dans l'univers de la céramique.