Instruments des ténèbres

Arrivée par hasard sur ce livre, j'ai eu du mal à le commencer. L'horreur est présente, déstabilisante, dès les premières pages. Aucun doute : le roman sera violent et macabre. La structure est intéressante : les chapitres alternent de façon régulière entre une partie contemporaine et une partie se passant au Moyen-Âge. Nadia (Nada) écrit l'histoire de Barbe et de Barnabé tout en écrivant sa propre histoire. Plusieurs éléments sont intéressants (les correspondances entre l'histoire de Nadia et celle de Barbe, la référence au "daîmon" qui la pousse à écrire, les relations conflictuelles que Nadia entretient avec son père...). Cependant, l'écriture m'a quelques fois déçue, surtout au début. Au final, c'est un roman inégal, intéressant toutefois, qui me poursuivra sans doute quelques temps en raison de son caractère très cru et de la vision féministe dénonciatrice de la condition des femmes. Ce n'est pas non plus un coup de coeur...

D'un côté, Nada. Auteure de cinquante ans, qui a bien vécu. Et mal vécu, entre certains excès, les hommes, un avortement très jeune... Des désillusions. Comme une envie de destruction. En parallèle, l'héroïne de son nouveau roman. Barbe. Jeune servante française, condamnée à mort en 1712 pour avoir dissimulé sa grossesse et fait disparaître cet enfant illégitime. Nancy Huston y aborde la condition de la femme, humainement et historiquement. Ce que le bien-pensant condamne en silence aujourd'hui conduisait au bûcher hier. De la femme à la sorcière, il n'y a qu'un pas. De côté ou de travers, peu importe, on en revient au Mal, à la Bible, au sacrifice, au manichéen. La femme pécheresse, punie, inlassablement. J'aime infiniment son écriture, son imagination, sa vision. Avec Instruments des ténèbres, je me suis régalée.

Nadia qui ironiquement se fait surnommer Nada (rien, le néant) est écrivaine américaine et entreprend l’écriture d’un récit sur un fait divers survenu dans le Centre de La France au XVIIe siècle : « Sonate de la Résurrection ». Pour cela, elle s’en remet à son inspiration qui n’est autre que son « Daimôn » ou Satan, si vous préférez. En écrivant, elle narre également son passé tourmenté avec son père alcoolique, une fratrie désordonnée, sa mère brisée et ses amants dans « Le carnet de Scordatura ». Ce sont donc deux histoires en une que l’on vit à travers ce roman. Deux histoires qui se mêlent et s’entrechoquent. Le récit est violent, sanglant, morbide et l’on n’en ressort pas indemne. Ça parle de lavandières infanticides, de faiseuses d’anges, de viols, de sorcières et de Dieu.