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Résumé
La République et les langues Dans nos représentations et nos débats, les langues sont pensées sous un angle social, sociétal, culturel, identitaire, ou simplement utilitaire, mais très rarement linguistique, à savoir : comme des constructions intellectuelles qui produisent du sens. Ce silence va de pair avec leur instrumentalisation dans des relations de pouvoir, de conflictualité, de hiérarchie, jusqu'au suprémacisme. De telles dérives sont bien présentes dans l'histoire de la France, où l'État a contribué à l'institution d'une langue nationale, mais aussi rencontré d'autres langues, parlées par ses ressortissants dans l'égalité citoyenne ou l'inégalité coloniale, et mené, selon les langues et les époques, des politiques variables mais le plus souvent défavorables, en particulier à l'école. La position dominante de la langue française se double d'un idéal d'homogénéité, qui en délégitime toute variation, et met ses locuteurs dans l'insécurité. Mais si l'on applique à la grammaire du français - et de toute langue - une analyse rationnelle et dépassionnée, on met à jour des solutions également plausibles à des problèmes de signification, ouvrant un espace au plaisir intellectuel, à l'admiration de l'ingéniosité individuelle et collective des êtres humains, et à l'apaisement - car, contrairement aux religions, les langues admettent plusieurs appartenances.