Hippocrate aux enfers : les médecins des camps de la mort

Je m’intéresse beaucoup à tout ce qui touche aux camps et à la deuxième guerre mondiale, et je dois dire que ce livre m’a scotché par la cruauté et les abominations qui y sont décrites. À vrai dire, avant de lire ce livre, je n’avais jamais entendu parler de ce versant de l’histoire et cela m’a beaucoup touché et mis aussi hors de moi. À lire et à conseiller autour de soi, pour que chacun de nous sache.

Un livre dure à lire sans en avoir l’estomac retourné, dure à lire tellement que ce que l’on y découvre est dure à y croire et tellement inhumain.

La réalité des faits rapportés ici par Michel Cymès fait froid dans le dos. Il met en lumière un aspect connu mais peu développé de cette triste période qu’est 39-45. Les expériences médicales au sein du camp d’Auschwitz Birkenau y sont détaillés et mettent l’accent sur le monstre qu’était le docteur Mengele. Une belle initiative tout de même de la part d’un médecin dont le grand père a fait parti de ces déportés. Ce livre porte malheureusement très bien son titre qui est tristement exact. C’est à lire au moins une fois!

L’enfer des camps de concentration, on n’en apprend que peu à l’école: manque d’hygiène, froids, faim, insalubrité et chambre à gaz. La cruauté est passée sous silence. Je n’avais jamais entendu parler de ces tortures pretenduement scientifiques avant de trouver ce livre dans une boîte à livre. C’est horrifiant mais tellement important pour le devoir de mémoire. Je ne mets que 3 étoiles car bien que le sujet soit bien documenté et expliqué, la qualité de l’écriture n’est pas présente.

Michel Cymes met sa popularité au service d’une question historique mal connue car incroyablement dérangeante : qui étaient ces médecins nazis qui, dans les camps de concentrations, procédaient à des atroces expériences sur les déportés ? Qu’est ce qui les a amenés à franchir la ligne jaune ? Pour quel résultat ? Et après la guerre, ceux qui ont survécus ont il été jugés ou… pudiquement amnistiés ? A travers le portrait d’une poignée de salopards (parce que n'ayons pas peur des mots !) Michel Cymes tente une explication : la pression du conflit, l’adhésion sans réserve à l’idéologie nazie, l’assouvissement de pulsions psychopathiques ou tout simplement un bon vieux sentiment d’impunité ? Quelles que soient les tentatives d’explications, elles ne sauraient absolument rien absoudre des horreurs décrites dans le livre de Cymes. Je savais des choses sur cette question, mais j’étais encore bien loin de la vérité et parfois, ce qu’on lit est à peine imaginable pour un esprit normal avec une morale standard ! Cymes n’est ni écrivain, ni historien. Sa prose est parfois un peu faible mais très accessible au plus grand nombre et on lui pardonnera aisément de ne pas arriver à mettre beaucoup de distance vis-à-vis de ses sentiments pour ses présumés collègues. Les photos du centre du livre sont tout à fait supportables, pas de surenchère ni dans les mots, ni dans les images : il y a aussi dans ce livre de vulgarisation intelligente une pudeur très à propos. Il y a un chapitre sur l’Université de Strasbourg qui a fait beaucoup parler, il est peut-être un peu maladroit mais ne méritait pas du tout la polémique ridicule qui a accompagné la sortie du livre et à, malheureusement, éclipsé le fond . Quand on referme le livre de Cymes, on ne peut s’empêcher de penser que si les circonstances se présentaient de nouveau, il se trouverait bien une poignée de pseudos médecins et pseudos scientifiques pour se laisser entrainer dans ces dérives mortifères.