Les choses immobiles

2037, La Martinique n'est toujours pas indépendante et elle vit un véritable problème écologique. Charles Gaspard revient en Martinique après le décès de son père. Il retrouve son frère Apollon. C'est compliqué comme retour. Ça implique beaucoup de choses. D'autant plus que son frère, ce frère qu'il aime et qu'il admire, ce frère qu'il ne veut pas décevoir, jamais, l'entraîne dans la révolution. La rébellion. Et c'est dangereux comme relation, parce que Charles est confronté à des choses grandes, très grandes, qui viennent s'insinuer dans son cerveau et dans son cœur abîmé. Parce que Charles, il est perdu. Il est en lutte. Contre qui ? Pas sûre. Contre quoi ? Absolument tout. C'est un récit écologique, un hymne à l'amour fraternelle. Toujours avec son écriture océan : violente et puissante, il explore les relations. Celle de deux frères, celle des hommes entre eux et avec les autres. On parle masculinité au milieu de l'écologie. On explore l'identité au milieu de la douleur. C'est une jolie histoire finalement. Elle m'a plu et elle vaut la peine d'être lue.

Il y a des livres que j’aime commenter dès que je les referme et il y en a d’autres où j’ai besoin de réfléchir, de prendre du recul avant de le faire. Pour celui ci, ça a été le cas. Roman de la rentrée littéraire 2023, ce livre est un récit d’anticipation sur la Martinique. Soyez prévenu, en 2037, la Martinique sera indépendante. Lorsque j’ai reçu le communiqué de presse, j’ai tout de suite adoré le sujet et j’avais hâte de me plonger dans ce récit dépaysant. Du dépaysement, j’en ai eu, mais de l’incompréhension aussi. Écrit dans un mélange de français littéraire, de créole et de langage plus familier, j’ai eu du mal à rentrer dans cette histoire. La ponctuation, qui certes donne un effet de style particulier, m’a beaucoup dérouté. Passant du « je » au « tu » sans ouvrir vraiment de guillemets pour exprimer le dialogue, il m’a fallu quelques pages pour comprendre le fonctionnement de cet écrit, me mettant assez mal à l’aise. Néanmoins, n’était-ce pas le but de nous sortir de notre zone de confort? Le sujet de révolte en Martinique est plus ou moins explicite, mais si je n’avais pas lu la quatrième de couverture, j’aurais été encore plus perdue. En effet, j’ai trouvé l’histoire déstructurée, ce qui m’a demandé encore plus de concentration pour comprendre là où Michael Roch voulait en venir. Et pourtant, c’est un livre qui met en lumière des sujets actuels tel que la pollution, le manque de moyens humain en Martinique, la gestion de l’eau potable mais aussi le rôle primordial des femmes. La date de 2037 arrive très tard dans le récit, ainsi que le sujet de la mort du père. Et puis j’ai compris, enfin, le travail fait au début du livre pour nous emmener vers le sujet final. C’est un livre coup de poing que nous sert Michael Roch, qui mérite d’être lu une seconde fois pour comprendre toutes les figures de styles et tous les non-dits qui font ce livre. Car entre révolte, sexualité et violences se cache une vraie histoire d’amour fraternel dans un monde pas si futuriste que ça.