L'homme préhistorique est aussi une femme : une histoire de l'invisibilité des femmes

Est-ce que j'ai adoré ce livre ? Oui ! Est-ce que le titre est légèrement trompeur et donc ma note finale a baissé ? Oui aussi… Permettez moi d'élaborer un peu plus... j'ai acheté ce livre en pensant véritablement avoir un ouvrage qui ne parle que de la période préhistorique et qui bouleverse ma vision de cette époque. Le boulot est à moitié fait : ma représentation mentale de la Préhistoire est bel et bien modifiée (pourquoi n'avais-je imaginer que des hommes comme les peintres des fresques murales ? parce que c'est ce qu'on m'avait toujours appris à l'école et que c'est un héritage direct du 19e siècle) mais l'ouvrage est bien plus généraliste que le titre ne le laisse penser ! Au final, sur les 4 chapitres du livre, un seul est consacré à l'étude des femmes préhistoriques et aux bouleversements amenés par l'archéologie du genre (je ne savais même pas qu'une telle discipline existait jusqu'à la lecture de cet ouvrage). Attention, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, les trois autres chapitres sont extrêmement importants et intéressants ! J'ai grandement apprécié les deux premiers chapitres qui permettent de revenir sur la naissance de l'archéologie préhistorique comme discipline et donc de revenir sur les conditions d'apparition de ces nombreux mythes sur la femme préhistorique pour mieux les détruire : les femmes préhistoriques passaient leur temps à balayer la grotte, elles n'allaient pas à la chasse parce qu'elles se chargeaient de la garde des enfants, elles étaient déjà inférieures et subordonnées aux hommes, etc etc. Et c'est grâce à ces chapitres plus généraux que l'on comprend à quel point notre environnement et notre culture impactent notre façon de faire, mais aussi et surtout d'écrire l'histoire ! J'avais déjà été choquée par les exemples donnés par Titiou Lecoq dans son ouvrage "Les grandes oubliées", mais avec cette nouvelle lecture, les mécanismes d'invisibilisation et d'infériorisation des femmes dans l'Histoire est encore plus flagrant !

Des passages un peu longs et redondants, mais bien évidemment c'est un livre qu'il faut lire et recommander tant il participe à la déconstruction de nombreux stéréotypes !

J'ai donc trouvé cet essai très intéressant même s'il y a peu d'archéologie, le sous-titre étant plus juste pour qualifier le livre, néanmoins il faut s'accrocher parce qu'il y a vraiment beaucoup de notes (c'est très bien documenté). Pour les éléments archéologiques dont elle parle je suis globalement d'accord surtout que finalement elle montre bien que souvent c'est des théories et qu'il n'y a pas d'éléments pour dire que ce serait pratiqué seulement par les hommes ou seulement par les femmes.

L’autrice déconstruit dans son ouvrage l’idée d’un patriarcat originel qui aurait cantonné la femme à n’être que la simple spectatrice de tous les exploits accomplis par l’homme : la chasse, la peinture, la découverte du feu, la conquête ou guerre de territoire. Marylène Patou Mathis explique que la préhistoire est une discipline jeune (XIXe siècle) et que celle-ci est directement héritière de la société patriarcale qui l’a vue naître. Cet essai édifiant revient ainsi sur tous les biais sexistes qui ont longtemps terni la préhistoire. A lire d’urgence !