Fragments

« Seuls quelques fragments de nous Toucheront un jour des fragments d’autrui - La vérité de quelqu’un n’est En réalité que ça - la vérité de quelqu’un. On peut seulement partager Le fragment acceptable pour le savoir de l’autre Ainsi on est presque toujours seuls. Comme c’est aussi le cas de toute évidence dans la nature Au mieux peut-être notre entendement pourrait-il découvrir La solitude d’un autre. » Marilyn Monroe Aujourd’hui, dire que Marilyn Monroe était une femme sensible, intelligente et cultivée est d’une platitude sans nom ; tant elle a été réhabilité dans ce sens depuis sa mort. Au-delà d’une énième exploitation de l’image de la star : « Fragments » - compilation d’écrits déstructurés publié par les descendants des époux Strasberg (les légataires de Monroe) - tente de faire la lumière sur ses pensées profondes. Certains écrits sont d’un intérêt relatif. Plus proche du pense bête, afin de se remémorer des dates d’anniversaires, liste de courses, recettes de cuisine. On sera davantage intéressé par ses tentatives de poèmes. Ses pensées du moment qui reflète sa mélancolie, ses doutes quant à ses talents d’actrice. La peur qui la ronge et qu’elle a du mal à dompter. Son intérêt pour la littérature, la psychanalyse… Le document le plus bouleversant de ce recueil est sans conteste cette lettre à son psy - le docteur Greenson - où elle raconte le traitement infâme qu’elle a subi lors de ses cinq jours d’internement en psychiatrie en 1961. Tout le monde a en mémoire ces photos de Marilyn, livres de grands auteurs à la main. Loin d’être de la pose, ces photos illustrent un réel intérêt pour la littérature. Dans les rayons de sa bibliothèque en bonne place figuraient les ouvrages de James Joyce, John Steinbeck, Ernest Hemingway, Joseph Conrad, Albert Camus, Gustave Flaubert, Jack Kerouac… Pour finir de vous convaincre je laisse le mot de la fin à Arthur Miller, dramaturge et ex-mari de Marilyn: « Pour survivre, il aurait fallu qu’elle soit plus cynique ou du moins plus proche de la réalité. Au lieu de cela, elle était un poète au coin de la rue essayant de réciter ses vers à une foule qui lui arrache ses vêtements. »