Le trajet

Une femme se raconte à travers les mille perceptions d'une sensibilité particulièrement aiguë. Où vit-elle ? dans la banlieue sud auprès de son mari Pascal, photographe de presse. Que fait-elle ? chaque matin elle se rend en car au Centre de documentation, proche de la Porte d'Orléans, où elle est employée archiviste. Ainsi occupe-t-elle trois «foyers» distincts : sa maison, le car qui l'emporte pour un double trajet quotidien, le bureau. Avec la passion d'une brodeuse au petit point, elle s'ingénie à observer et comprendre ces trois univers qui forment le tissu brillant, cruel, émouvant et discret de son existence. Analyser sa petite maison et le jardin où fleurit un seringa, observer les passagers du car et leur chauffeur, communiquer avec ses collègues, sont pour la narratrice autant d'actes d'amour secrets, un effort poétique pour maintenir son propre équilibre à travers les innombrables mouvements - souvent muets, toujours mystérieux - qui font se rapprocher ou s'éloigner les êtres humains. En réalité ce travail (car c'est pour elle un exercice de tous les instants) ressemble à l'épuisante construction d'une muraille défensive. Il s'agit à ses yeux d'établir entre l'imaginaire et la raison une frontière définitive. Mais est-ce possible ? Le lecteur est invité dans le triple univers de la narratrice, illuminé par ses romantiques souvenirs de jeune fille, ses rêves d'avenir, et de la présence de personnages tels que Nathalie, Kaatje, Antoinette, ou le patron monsieur Martineau, qui deviendra le centre d'un drame sanglant.