La fille de la bande

Je me suis jetée sur ce livre dès que j'ai su de quoi il parlait, tant je rêvait d'un roman qui aborde ces sujets - "les conflits de l'adolescence, et leurs répercussions à l'âge adulte", la manière dont notre regard change sur les évènements problématiques et violents en vieillissant, l'effet de groupe qui évolue avec le temps. Je vais commencer par le - maigre - positif : l'histoire est accrocheuse, il y a du mystère jusqu'au bout, et on se sent immergé dans cette bande de copains dont certains aspects sont assez réalistes. La lecture est d'autant plus frustrante qu'on sent qu'au milieu de tout ce fatras, il y a l'embryon d'un bon, voire d'un très bon roman. Mais malheureusement, le tout s'enlise dans une écriture simple mais pourtant parfois difficile à suivre et à comprendre, et dans un enchaînement de clichés grossiers et parfois très peu réalistes qui font parfois carrément sortir de l'histoire. Le ton général est inconstant, on est à mi-chemin entre du young adult un peu soap, du trash gratuit et gênant - les scènes de sexe, au secours - et un côté très fanfiction dans l'écriture et les relations entre les personnages, le tout se prenant beaucoup trop au sérieux. L'impression globale de lire un livre écrit par une lycéenne, ce qui n'est pas un problème en soit mais le sujet demande plus de maturité que ça. Ajoutons que le livre se pense évidemment féministe mais est plus que maladroit, avec une mise en scène outrancière et stérile de la violence masculine, notamment verbale, et par moments on tombe presque dans de l'écriture réac tellement c'est géré à la truelle. Pour résumer, l'écriture légère et inconstante choquerait sans doute moins dans un roman de gare et pourrait être passable, mais là l'autrice s'empare clairement d'un sujet trop gros pour elle et qui demanderait beaucoup plus de profondeur et de finesse.