La popularité de ce livre sur Gleeph
Résumé
Par une matinée de printemps, nous nous retrouvons à quinze mille métallos regroupés sur le terre-plein de Penhoët. Juché sur la plate-forme d'un wagon, je reste sidéré par l'impression de puissance que donnent ces hommes rassemblés pour un combat vital. Quinze mille mâles qui domptent la matière à longueur d'année, et se déclarent ouvertement prêts à pendre par les couilles le directeur et ses adjoints si ces derniers ne leur donnent pas les moyens de vivre décemment, cela me fait l'effet d'une douche glacée. D'autant plus que mes leçons de catéchisme sont toujours aussi vives dans ma mémoire, notamment « panem nostrum quotidianum de nobis hodie ». Le pain quotidien ? À vrai dire les ouvriers ne tiennent pas à ce qu'on le leur donne, ils veulent l'obtenir par la force, pour une question de dignité, pour « ne pas avoir à baisser leur froc devant le patron ». Ce livre, un des classiques majeurs du témoignage ouvrier, est aussi un témoignage d'apprentissage comme il en existe des romans. On y suit un très jeune apprenti, issu du monde agricole, pour qui le passage par la condition ouvrière est une étape dans un parcours de promotion sociale. C'est à Saint-Nazaire, dans les chantiers navals, que le chaudronnier se rapproche d'une classe ouvrière nullement enchantée, dans une progression dramatique qui culmine avec la grande grève de 1955.