Trois concerts

Voici un gros roman (600 pages) qui restera une de mes plus belles lectures de l’année ! Le sujet peut paraître intimidant et rébarbatif pour quelqu’un comme moi qui n’a pas de grandes connaissances de la musique classique et de son milieu… Le livre en impose également par son volume et la densité de sa mise en page… mais voilà, j’ai eu la chance qu’une éminente membre du sympathique club de lecteurs de ma librairie en ait bien parlé ! La curiosité l’a emportée… Trois concerts, comme trois vies, trois personnages qui jouent chacun leur partition (je sais c’est facile). Clarisse, l’héroïne, enfant renfermée, dont le génie pur et brut pour le violoncelle va être façonné par Viktor Skobolevitz. Skobolevitz, ancienne gloire, misanthrope magnifique, entretien sa légende, son mythe. Pourquoi avoir fait une exception en prenant Clarisse comme élève dès son plus jeune âge ? Pour le meilleur ou pour le pire ? Rémy Nevel enfin, le critique musical investi dans le milieu, qui en connaît tous les rouages et toutes les clés… Un poisson ou un requin dans l’eau ? Lui aussi va influer sur la vie d’une Clarisse sans doute trop pure comme son talent, trop instinctive, trop gentille, trop naïve. Comment émerger, comment tout simplement pratiquer et vivre de son art au niveau que l’on mérite dans le monde fermé et ultra-concurrentiel de la musique classique ? Le roman se dévore littéralement, c’est tellement bien écrit, ça vit, ça bouge tout le temps entre présent et passé, c’est loin des clichés, rien n’est « téléphoné » dans l’intrigue (les intrigues), c’est drôle, poignant, touchant, varié… Les personnages sont riches, ce sont de très beaux personnages de roman, chacun est abordé en profondeur, justifiant parfaitement le développement des 600 pages de l’ouvrage. Ce qui me manque sans aucun doute, c’est bien entendu la connaissance de la musique, musique qui fait l’objet de nombreux développements absolument pas ennuyeux pour le néophyte, mais qui seront sans doute encore mieux perçus par un amateur… et puis, les développements grinçants sur le « milieu » de la musique classique, il est évident que je ne peux juger par moi-même si ça touche la cible en plein cœur ou non. Gros coup de cœur !