Homo canis : une histoire des chiens et de l'humanité

Avec Homo Canis, Laurent Testot ne se contente pas de dresser une banale généalogie du meilleur ami de l’homme. En se basant sur une approche historiographique globale, il dresse un portrait complexe de l’histoire du chien, de son évolution à travers les siècles depuis son lointain ancêtre : le loup gris. Jusqu’aux différents croisements ayant donné naissance aux canidés que nous connaissons aujourd’hui. Il souligne le rapport de réciprocité qui s’est noué avec lui depuis le temps où Homo sapiens est sorti de la soupe primitive. Le rôle qui a pu être le sien afin de l’aider à supplanter les autres espèces d’Hominidés. La protection et l’aide à la chasse en échange de nourriture et d’un refuge. Si l’interrogation demeure sur la spontanéité de cette interaction, elle est constatée à peu près partout sur le globe. Chien de compagnie, de protection de troupeaux, de chasse et de guerre… Sans lui, l’humanité n’aurait probablement pu faire ce bond qualitatif en avant. Notre évolution doit beaucoup à ces petits auxiliaires à quatre pattes. Mais ce rapport de réciprocité a aussi vite tourné à un rapport de domination, et tous les mauvais traitements que cela implique. L’auteur ne tarit pas d’exemples de maltraitance. Amplifiée par l’idée depuis Descartes d’une machine dénuée d’âme et de raison. Légitimant ainsi tous les mauvais traitements. Du chien tournebroche anglais condamné à faire tourner une pièce de viande, enfermé dans une roue jusqu’à l’épuisement. Jusqu’à la consommation de viande canine dans certains pays d’Asie, qui requiert selon la coutume de faire mourir le chien dans la douleur pour obtenir une viande plus tendre. Et même dans son amour pour le chien, l’homme reste une nuisance. Les différents croisements pour obtenir des chiens avec des caractéristiques propres à l’amuser (museau recourbé, pattes plus courtes, yeux plus gros). En traitant le chien comme un bien de consommation comme un autre, c’est l’ultime cadeau empoisonné que l’on a pu faire à une espèce qui a évolué à nos côtés depuis des millénaires et qui continue à jouer un rôle crucial dans notre quotidien, malgré la mécanisation et la robotisation de nos sociétés. Parce qu’il comprend nos moindres intonations et ressent nos émotions, il est bien plus qu’un outil. Il est notre partenaire privilégié. Et mérite à ce titre tous les égards.