Humanités

Explorer les différentes facettes de l’humanité au pluriel. C’est ce que s’engage à faire Lalau dans cet ouvrage. Elle y explore à travers 24 nouvelles, en grande partie inspirées de ses expériences en tant que psychologue, les vies d’individus confrontés aux addictions, aux traumatismes, à la dépression, aux troubles de la personnalité… Des pathologies assez lourdes, mais finalement plutôt communes. Le lecteur y reconnaîtra, selon les cas, un parent, un ami, voire s’identifiera à l’un d’eux. La chape de plomb idéologique que la société impose sur ces sujets, ainsi qu’une forme d’autocensure que l’on s’impose, n’altère en rien leur caractère universel. C’est un miroir tendu vers le lecteur pour lui dire : « Tu vois l’humanité, c’est ça, tu n’es pas le seul à vivre ces expériences ! » En dépit de ses thématiques parfois lourdes, c’est un ouvrage agréable à lire. L’éclectisme des situations permet à l’autrice de se renouveler d’une nouvelle à l’autre. Aussi, le choix de la narration à la première personne crée un sentiment de connivence, d’identification avec les protagonistes des nouvelles. Les histoires auront à mon avis encore plus d’impact sur le lecteur si elles sont lues à un rythme espacé. Un peu comme un livre d’aphorismes qui repose sur une table de nuit comme un compagnon de route. Les nouvelles auront besoin de ce temps pour être digérées et ainsi pouvoir germer en soi. Un livre essentiel, parfois éprouvant, mais invitant constamment au respect. Une invitation à considérer l’humain dans toute sa complexité. Un regard sur l’autre et sur soi-même qui ne fait pas de mal par les temps qui courent.