Confusion des peines

Littératures Enfin, nous arrivâmes. Le correspondant était un vieux monsieur qui nous avait fait préparer des paillasses dans une grange. Après un repas froid, nous nous endormîmes. Le lendemain matin, le vieux monsieur nous passa en revue. Il ne paraissait pas méchant. Je lui demandai si j'irais au collège le jour même. - Au collège ? Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Ton nom ? Il consulta la liste. - Voyons, mon garçon, es-tu fou ? Au collège ? Tu as été renvoyé de partout, maison de correction, école professionnelle, etc. Au collège ! Mais qui paiera pour toi ? Tu es en âge de gagner ta vie. Et tu vas la gagner. A ta majorité, tu auras un pécule qui te permettra de fonder un foyer. Je baissai la tête, de grosses larmes de déception roulèrent sur mes joues. Les deux anciens me regardaient d'un air apitoyé ; le correspondant me tapa sur le bras. L'après-midi, des paysans vinrent nous regarder, tâter nos muscles ; ils me dédaignèrent : j'étais trop petit. Mais il y avait à Nouan, ou aux environs, une fabrique d'allumettes où quelques pupilles étaient employés. J'y fus placé - et renvoyé huit jours après. Cela ne me plaisait pas du tout.