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Résumé
Jules Renard « Entre Ronsard et André Chénier, on cherche en vain un poète. Je ne dis pas : un rimeur, un versificateur, un aligneur de mots, mais un poète. Pas un ! » Cet aphorisme de Jules Renard dans son irrésistible Journal frappe d'abord par sa justesse. Si brillant, si gai, si amusant, le XVIIIe est désespérément dépourvu de poésie. Voltaire n'est pas poète et Gilbert, Florian ou Malfilâtre ne suffisent pas à infirmer le jugement de Jules Renard. Et puis, soudain, viennent à l'esprit les noms d'un fabuliste et d'un dramaturge du XVIIe : La Fontaine et Racine ne sont-ils pas, l'un et l'autre, au-delà de leurs étiquettes, de merveilleux poètes ? Partout, dans les Fables de La Fontaine, surgissent des moments de poésie éblouissants. Et il suffit d'ouvrir Andromaque, Bérénice ou Phèdre pour s'assurer que Racine n'est pas seulement le plus grand de nos tragédiens, mais un immense poète. Comme toute oeuvre littéraire, le journal de Jules Renard doit être lu avec un esprit critique sans cesse en éveil. À cette condition, le plaisir que le lecteur est en droit d'en attendre n'a presque pas de limites. À chaque page, il tombera sur des enchantements minuscules qui font de Jules Renard un écrivain dont il est difficile de se passer. Jules Renard n'appartient pas au même registre que Montaigne, Hugo ou Proust. Mais son Journal est un compagnon inépuisable. Sa cruauté et son amère lucidité en font l'un des monuments les plus amusants de notre littérature. Il faut le quitter et y revenir, le lâcher et le reprendre. On ne s en lasse jamais. Jean d'Ormesson de l'Académie française