Typhon

Le Nan-Shan, vapeur comptant à son bord une cargaison de marchandises et un groupe de 200 travailleurs chinois (coolies), fait route vers le port de Fou-tcheou. Il a à sa tête le capitaine MacWhirr : un homme jugé par la compagnie qui l’emploie, ainsi que par les hommes qu’il a sous son autorité, comme étant un homme d’une intelligence médiocre, monotone et peu charismatique. Lorsqu’il est informé de l’imminence d’un typhon, plutôt que de faire un détour qu’il juge coûteux, il risque le navire et son équipage dans la tempête. Un pari sur la vie qui va mettre à rude épreuve son leadership et les nerfs de son équipage. Seule l’issue de l’aventure permettra de dire s’il a pris la bonne décision. Dans ce court roman paru en 1903, Joseph Conrad propose en apparence un récit d’aventure en mer. Mais il cache en réalité celui d’une aventure humaine, des liens qui unissent et qui se défont en temps de crise. L’auteur souligne l’importance de l’expérience. Et démontre que la réputation ne justifie pas toujours des capacités de leadership. C’est dans l’action que la vraie nature des hommes se révèle. L’apparent calme du capitaine tranche totalement avec les doutes et les peurs de l’équipage. À souligner la magnifique traduction d’André Gide. Ce dernier avait noué une amitié avec Conrad, au point qu’il lui confie la traduction de ses écrits. Elle restitue bien le tumulte des vagues et ce ballet de corps secoués par le roulis du navire. « Un faible éclair tremblota tout autour comme sur les parois d’une caverne, d’une chambre de la mer secrète et noire. Sa palpitation sinistre découvrit un instant la masse basse et déchiquetée des nuages, le profil allongé du Nan-shan, et sur le pont, les sombres silhouettes des matelots à la tête baissée, surpris dans quelque élan, butés et comme pétrifiés. Puis les flottantes ténèbres se rabattirent. Et c’est alors que la réelle chose arriva. Ce fut je ne sais quoi de formidable et de prompt, pareil à l’éclatement soudain du grand vase de la Colère. L’explosion enveloppa le navire avec un jaillissement tel qu’il sembla que quelque digue venait d’être crevée à l’avant. Chaque homme perdit contact. Car tel est le pouvoir désagrégeant des grands souffles : il isole. »

Une excellente nouvelle de J Conrad. Un descriptif et un ressenti magnifique de ce vapeur traversant un typhon.

Un court roman sur un bateau dans le sud est asiatique qui fait face a un typhon. Prenant. L’obscurité est omniprésente.