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Résumé
Nous avons longtemps vécu sur l'idée reçue d'un Moyen Age tardif moribond, à la sensibilité d'autant plus exacerbée qu'une «fin» obscure semblait proche, en une sorte d'image romantique et troublante. La présente synthèse tourne le dos à une approche évolutionniste, globale et nécessairement réductrice (Huizinga, Elias), pour faire siens les regards que, déjà, les intellectuels des XIVe et XVe siècles ont portés sur une réalité extrêmement mouvante. Désormais les clercs ne sont plus seuls à s'adresser au prince. Qu'il ait mis sa plume au service du roi et de la nation, qu'il en ait fait l'instrument d'une critique de la Cour et du pouvoir, qu'il ait pénétré au plus secret du cercle royal, l'écrivain laïc, voire la femme de lettres, conquiert le droit à la parole dans une France meurtrie par la guerre de Cent Ans. Christine de Pizan, Alain Chartier ou Jean Molinet adaptent les registres d'expression traditionnels aux besoins du moment, retrouvent les pouvoirs de la rhétorique antique, maîtrisent les techniques poétiques, avec une virtuosité et une invention parfois étourdissantes, développent les stratégies auctoriales les plus diverses, pour imposer à leur lecteur un discours de vérité émouvant, puissant. Des miroirs des princes aux mémoires, d'Eustache Deschamps à Philippe de Commynes, la littérature explore ainsi les voies de l'engagement. La figure de l'auteur moderne se dessine en filigrane. Vox pœtica, vox politica, la littérature dessine, à l'aube des temps modernes, ce territoire nouveau du politique, ce lieu où dialoguent, de manière plus sensible et pressante, le poète et le prince. L'ambition de ce livre est de révéler la portée considérable de cet échange novateur pour l'écrivain et pour la société.