Cabale à la cour

En deux chapitres, nous voilà à la cour de Versailles, au milieu des perruques poudrées, des rideaux rehaussés de plumes d’autruche et des courtisans. Il faut se presser dans les couloirs pour paraître au lever du roi. Tout se joue dans les antichambres. Ou les chambres .Jean-Michel Delacomptée déploie un brillant registre d’éloquence, car dans ce qui suit la mise en place, il se lance dans une éblouissante continuité dialoguée. Sa trame : le passage des mémoires de Saint-Simon où ce dernier raconte une entrevue capitale avec le duc d’Orléans. Une magistrale leçon d’argumentation et aussi un cours d’histoire épatant. En quelques échanges, on comprend l’amitié étonnante entre le sage mémorialiste et le bouillonnant prince. Sous le vernis décadent de la débauche, il y a un homme cultivé, un maître de guerre, un solide appui pour Louis XIV. Mais aussi un homme qui a « le talent de cacher tous ses talents ». L’affaire dont ils débattent ? Un complot, qui pourrait priver Philippe d’Orléans de privilège comme de fortune. Un complot pour un jeu de mot–mais pas d’esprit– dont s’amuse le neveu du roi qui froisse Madame de Maintenon. À quoi tient la politique...Tout se joue dans la nuance: la disgrâce d’une maîtresse et les bonnes grâces d’un futur régent. Delacomptée y est brillantissime, comme dans tous ses portraits historiques. Quant à la langue, c’est une valse de cour !