La douane de mer

L'avantage avec l'histoire c'est qu'on peut commencer ou on veut. Il n'y a jamais de début, il n'y a jamais de fin. N'importe où, en histoire, mene toujours n'importe où. Tout ce qui touche à la religion est toujours important et l'idée que les hommes se font de Dieu a coute autant de sang que l'idée qu'ils se font d'eux-memes et de leur bonheur a venir. "J'ai choisi de rester fidèle Pour rien pour le souci du temps Pour pouvoir dire elle était belle La vie au creux de mon amant" Mais parce que le monde est une poupée russe et qu'on peut, chaque fois, monter vers un ensemble plus vaste ou descendre vers un détail plus mince[...] Je ne sais pas ou est l'age d'or. Devant nous ? J'en doute un peu. Derrière nous [...]? Je n'en suis pas très sur. [...] Je suis bien ou je suis, j'accepte ce que j'ai reçu, je me contente de ma vie, je ne cherche guère de réponse à tes questions et je me répète le précepte d'un philosophe chinois qui a vécu de mon temps : " A côté du noble art de faire faire les choses par les autres, il y a celui non moins noble de les laisser se faire toutes seules." Page 233 : utilisation des temps Le philosophe est gai parce qu'il sait qu'il ne sait rien et qu'a la différence des autres il n'espere plus du monde qu'un peu d'étonnement. Page 338 Pour ceux qui n'ont rien le bonheur est d'avoir quelque chose. Mais les choses sont ainsi faites sur cette Terre, mon cher A, et d'ailleurs pas si mal, que ceux qui ont déjà tout n'ont pas le bonheur en plus. Le bonheur est autre chose qu'une masse de satisfactions, qu'une accumulation de succès et de plaisirs. Tout se passe comme si le bonheur était toujours un peu plus loin. Le propre du passé c'est que la liberté n'y a plus cours. [...] Les hommes conservent du passé des images obligées et contraintes ou la liberté ne joue plus et qu'ils appellent des souvenirs. [...] Et c'est un bloc gelé et figé, un rêve ne varietur, sur lequel aucune force, aucun Dieu tout-puissant n'est plus capable d'agir. Je serais plutôt tenté de croire que derrière chaque visage se cache des abimes de métaphysique et tout le mystère du monde. C'est un homme encore jeune. Nous l'appellerons Jean-Louis. [...] Il lui arrive aussi de lire Le Point, L'express, Le Nouvel Observateur. Il est plutôt de gauche. Ce qu'il apprend l'irrite souvent.

Jean d’Ormesson illustre parfaitement dans ce livre la somme de ses connaissances. Très belle écriture et vision du monde au travers d’un esprit venu du fin fonds de l’univers et de l’âme du narrateur. Ce dernier vient de mourir dans les bras de son amoureuse et son âme s’envole et rencontre À (l’esprit venu d’ailleurs). À eux deux ils vont parcourir la terre et l’histoire de la terre et des hommes. Magnifique et d’une richesse inouïe. À lire à petites doses pour savourer.