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Résumé
La prochaine fois, le feu En dépit des bouleversements psychologiques et sociaux qu'il exige, cet ouvrage ne veut que proposer la solution de bon sens au problème de la place des Noirs dans la société américaine. Malgré le ton parfois menaçant, malgré la satire souvent mordante, La prochaine fois, le feu est avant tout un appel à la modération, une ultime tentative de compromis (en 1963) entre les extrémistes des deux bords aveuglés par la passion. Tant par l'actualité des phénomènes dont il présente l'analyse irréfutable que par le mélange de douleur contenue et d'ironie cinglante qui lui donne ce ton si particulier, ce témoignage ne manquera pas d'attirer l'attention du lecteur qui en retiendra les qualités littéraires autant que l'importance politique.
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- Ricobooks- 28/11/2020EssentielUn essai / récit essentiel, écrit en 1963 mais toujours d'actualité. Un livre que TOUT LE MONDE devrait lire. Un livre intense, incandescent, extrêmement bien écrit - il y a ici une vraie littérature - par l'immense auteur afro-américain James Baldwin. D'une finesse et d'une intelligence rares, un texte brillant. Radical dans sa forme et dans son constat. Nécessaire comme un ultime appel à la modération, une toute dernière tentative de compromis. Balwin questionne ici sa Négritude. Qu'est-ce qu'être Noir aux États-Unis au milieu du 20ème siècle, tandis que l'esclavage a été aboli mais que la ségrégation et le séparatisme tuent, broient, humilient toujours plus un peuple qui pourrait n'avoir que la violence comme possibilité de dégagement ? Ce peuple-là doit-il alors tuer l'homme blanc et tracer ainsi les contours d'un nouveau territoire ou tenter de "s'élever" pour rejoindre la condition et le mode de vie de son "ennemi", de celui qui partout le domine et le blesse ? Et si la solution était ailleurs ?... Et l'on rencontre, sur son chemin les grands prêcheurs de ce temps-là, Elijah Muhammad et Malcom X et d'autres encore venus soutenir la Nation d'Islam et envisageant la séparation des peuples et la création par l'homme noir d'une toute nouvelle nation, digne de sa grandeur et de ses souffrances passées et présentes. Digne de son humiliation par le démon blanc. Mais Baldwin, s'il écoute avec une grande attention et une grande acuité chacun de ses interlocuteurs, ne peut accepter cela. Pourquoi l'homme noir devrait-il "s'élever" au niveau de l'homme blanc. Pourquoi devrait-il imiter sa faute et s'anéantir lui-même ? Et le "démon" ne saurait-il lui-même envisager un déplacement : "L'homme blanc ne saurait se libérer du pouvoir tyrannique que le Noir exerce sur lui qu'en consentant pratiquement à être noir lui-même, à devenir partie de cette nation dansante et souffrante qu'aujourd'hui il observe pensivement des hauteurs de sa puissance solitaire et que, armé de traveller's chèques spirituels, il visite furtivement à la nuit tombée. [...] Et je le répète : le prix de la libération des Blancs c'est la libération des Noirs - la libération totale dans les villes, dans les campagnes, devant la loi et dans les esprits. [...] Bref, nous autres, les Blancs et les Noirs, avons profondément besoin les uns des autres si nous avons vraiment l'intention de devenir une nation, si nous devons, réellement veux-je dire, devenir nous-mêmes, devenir des hommes et des femmes adultes. Former une nation s'est avéré une tâche abominablement difficile ; il n'est certes pas nécessaire d'en créer deux." S'il ne peut y avoir d'égalité parfaite, il serait donc peut-être temps d'envisager un genre de concorde. Malgré parfois une intense lutte intérieure chez celui qui a bien trop souffert : "Je savais comment luttent en moi la tendresse et l'ambition, la douleur et la colère et l'horrible écartèlement que je subis entre ces extrêmes - mes constants efforts pour choisir le mieux plutôt que le pire." Au fond, rien ne sera simple. Nos âmes sont vendues à cet empilement de contingences qui nous privent de nos libertés les plus fondamentales, dévient nos trajectoires pourtant si objectives et nous éloignent du simple bon sens : "La vie est tragique simplement parce que la terre tourne et que le soleil se lève et se couche inexorablement et parce que le jour viendra pour chacun d'entre nous où le soleil descendra pour la dernière fois. Peut-être l'origine de toutes les difficultés humaines se trouve-t-elle dans notre propension à sacrifier toute la beauté de nos vies, à nous emprisonner au milieu des totems, tabous, croix, sacrifices du sang, clochers, mosquées, races, armées, drapeaux, nations, afin de dénier que la mort existe, ce qui est précisément notre unique certitude." Ainsi, "tout renouveau devient impossible si nous supposons constantes des choses qui ne le sont pas - la sécurité, par exemple, ou l'argent ou le pouvoir. On se cramponne alors à des chimères qui ne peuvent que décevoir, et tout espoir, toute possibilité de liberté disparaît." Il ne faut cependant rien lâcher et chercher à prendre part à la décision, à la loi, aux affaires les plus hautes : c'est par sa participation au devenir de ce pays qu'un peuple saura peut-être exister à nouveau. Mais il lui faut d'abord observer - sans détourner son regard - sa propre histoire, et la grandeur et la beauté qui peuvent jaillir du sacrifice et de la survie : "Je ne saurais accepter de n'avoir point voix au chapitre des affaires politiques de mon pays. Je ne suis pas sous la tutelle des États-Unis. Je suis un des premiers Américains à être arrivés sur ces rives. Le passé du Noir, ce passé de corde, de feu, de torture, de castration, d'infanticide, de viol ; de mort et d'humiliation ; de peur, jour et nuit ; de peur qui le pénètre jusqu'à la moelle des os ; de doute qu'il soit digne de vivre puisque tous ceux qui l'entourent affirment le contraire ; de chagrin pour ses femmes, ses parents, ses enfants qui avaient besoin de sa protection et qu'il ne pouvait protéger ; de rage, de haine et de crime, de haine pour les homems blancs, si violente que souvent elle rejaillissait sur lui et rendait tout amour, toute confiance, toute joie impossibles - ce passé, ce combat sans fin pour acquérir, révéler, confirmer une identité d'homme, une autorité d'homme, a en lui pourtant, au milieu de tant d'horreurs, quelque chose de très beau. Mon intention n'est pas de m'attendrir sur la souffrance - certes point trop n'en faut - mais ceux qui ne peuvent pas souffrir ne peuvent pas non plus mûrir, ne peuvent jamais découvrir qui ils sont vraiment. Celui-là qui, chaque jour, est obligé d'arracher par fragments sa personnalité, son individualité, aux flammes dévorantes de la cruauté humaine sait, s'il survit à cette épreuve, et même s'il n'y survit pas, quelque chose quant à lui-même et quant à la vie, qu'aucune école sur terre et qu'aucune église non plus ne sauraient enseigner. L'autorité qu'il acquiert il ne la doit qu'à lui-même et celle-là est inébranlable. Et cela parce que s'il veut subsister il lui faut voir au-delà des apparences, ne rien considérer comme acquis, deviner le sens derrière les mots." L'espoir est peut-être permis, il passera par une intelligence collective et personnelle qui jusqu'ici a fait défaut. "Nous savons tous - que nous ayons ou on le courage de l'admettre - que les miroirs ne peuvent que mentir, que la mort par noyade est tout ce qui nous attend là. C'est pour cela que nous recherchons si désespérément l'amour et déployons tant de ruses pour nous y dérober. L'amour arrache les masques sans lesquels nous craignons de ne pas pouvoir vivre et derrière lesquels nous savons que nous sommes incapables de le faire. J'emploie le mot amour ici non pas seulement au sens personnel mais dans celui d'une manière d'être, ou d'un état de grâce, non pas dans l'infantile sens américain d'être rendu heureux mais dans l'austère sens universel de quête, d'audace, de progrès." Mais Baldwin prévient aussi : nous sommes allés très loin dans le drame et dans l'humiliation. Et il faut agir vite : "Tout ce qui s'élève doit redescendre. Et nous voilà, au milieu de la courbe, pris au piège dans le plus voyant, le plus coûteux, le plus invraisemblable toboggan que le monde ait jamais connu. Ils nous faut agir maintenant comme si tout dépendait de nous - faire autrement serait un crime. Si nous nous montrons dignes - et par nous j'entends les Blancs relativement conscients et les Noirs relativement conscients qui devons, tels des amants, faire pression sur ou créer la conscience des autres - peut-être la poignée que nous sommes pourra-t-elle mettre fin au cauchemar racial, faire de notre pays un vrai pays et changer le cours de l'histoire. Si nous n'avons pas, et dès aujourd'hui, toutes les audaces, l'accomplissement de cette prophétie, reprise de la Bible dans une chanson écrite par un esclave, est sur nos têtes : Et Dieu dit à Noé, Vois l'arc en le ciel bleu L'eau ne tombera plus Il me reste le feu..." Un texte qui nous concerne tous, un texte qui parle de nous, partout et tout le temps. Un texte magnifique d'intelligence et de lucidité. Un texte salvateur. Un texte que chaque homme blanc, comme moi, devrait avoir lu.40
- Romain87- 21/08/2020Un livre toujours d'actualitéUn livre très éloigné de son titre menaçant. Le ton est parfois acerbe, mais il y a beaucoup de sagesse dans cet ouvrage. Les analyses qu'il fait des extrêmes sont très intéressantes.20
- Alexandra_Z- 19/07/2024Un texte court, percutant et brûlant d’actualité 🔥 ✊Une bombe. Une pépite. Le feu. Chaque paragraphe, chaque phrase, chaque mot, tout bouillonne d’actualité. Ce texte est un rappel que l’espoir se provoque et se poursuit (il date pourtant de 1963 mais transcende l’époque et le lieu géographique). Le passé est passé, certes, mais nous sommes le fruit de ce dernier : en tant que Blanc en Occident, nous lui devons de nombreux privilèges. Alors pour espérer construire un meilleur avenir pour tous, nous devons nous confronter au miroir de nos sociétés. Agir, nous engager, nous remettre perpétuellement en question, et surtout, être attentifs, écouter, ouvrir les yeux. Merci, James. Votre humanisme transparaît dans chaque page. « Où et comment pouvons-nous finalement faire société commune ? Car telle est bien la question. » Christiane Taubira, dans l’excellente préface de cette édition Folio. « Je sais que je demande l’impossible, mais à notre époque comme à toutes les autres l’impossible est le moins que l’on puisse exiger. », James Baldwin, 1963 🖤🤍00
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