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Résumé
«Peu d'itinéraires, écrit Eric Roussel dans sa préface, auront été, au XXe siècle, aussi complexes et a priori inexplicables que celui de Jacques Benoist-Méchin. En 1922, quand jeune homme ivre de poésie, de musique et de littérature, il rendait visite à Marcel Proust au Ritz, il eût été difficile d'imaginer que tout en poursuivant une oeuvre historique il se ferait successivement l'apôtre d'une collaboration à outrance avec l'Allemagne pendant la guerre, puis l'avocat enthousiaste d'un rapprochement entre l'Europe et le monde musulman. Le mystère semble d'autant plus entier que, même aux pires moments de son errance, Benoist-Méchin se distingua toujours par une certaine dignité.» Les souvenirs qu'a rédigés Benoist-Méchin sous le titre A l'épreuve du temps, publiés après sa mort en 1983, fournissent pour une part la clé de l'énigme d'une personnalité aux dons exceptionnels. Enfant unique et choyé, mais hanté par un frère mort-né, il cède au vertige de son époque. En 1936, les jeux Olympiques de Berlin marquent le début de sa fascination pour le national-socialisme, au point que cinq ans plus tard il est, auprès de Pierre Laval, secrétaire d'Etat chargé des rapports franco-allemands. Condamné à mort en 1947, il est gracié et libéré en 1954. Il entame alors une nouvelle carrière d'historien, avec des biographies très remarquées de Lawrence d'Arabie, Cléopâtre, Alexandre le Grand, Frédéric de Hohenstaufen... et d'expert du monde arabe, qu'il parcourt en tous sens, chargé souvent de missions officieuses par le gouvernement français. En 1959, il publiera d'ailleurs un ouvrage au titre prémonitoire : Un printemps arabe. Benoist-Méchin est l'un de ces personnages de l'Histoire qui suscitent les controverses les plus passionnées. Mais la valeur de ses souvenirs, d'une écriture magistrale et plus captivants que maints romans, est incontestable, et capitale pour la compréhension du siècle des totalitarismes.