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Résumé
«Le hall d'entrée du CLOOP ne se distinguait en rien de mille autres halls d'entrée d'immeubles administratifs. On y voyait s'affairer des commissionnaires en capes grises d'orphelines attachées sur la nuque, avec des lacets de chaussures noirs. Près de la porte trônait une femme en bottes énormes et vêtue d'une grosse pelisse, comme on en portait dans les tranchées. Son aspect rappelait beaucoup celui d'une aiguilleuse de tramway, mais elle était là comme gardienne (remise et restitution des caoutchoucs). L'ascenseur portait une petite pancarte : Casquettes et guêtres. À l'intérieur s'affairait un artisan au visage empreint d'une expression des plus ambiguës. C'était là qu'il taillait, sur place, ses articles élégants pour les personnes du grand monde. Notons à ce sujet que CLOOP menait contre lui une lutte acharnée depuis que la société coopérative propriétaire de l'immeuble avait impudemment, et sans accord préalable, laissé l'artisan s'installer dans un ascenseur de l'administration. - Qu'est-ce qu'ils peuvent bien faire ici ?...» Monde anonyme déconnecté de la vie quotidienne, CLOOP est géré par des êtres quasiment robotisés et subsiste sans donner de fruit, tout en se nourrissant d'un fromage de brebis à la provenance douteuse. C'est, dans un premier temps, la caricature véridique du défaut majeur dont souffrira pendant plus d'un demi-siècle toute l'économie soviétique. Mais on peut aller jusqu'à y voir une image symbolique de la charge que faisaient peser sur la société la classe au pouvoir et la nomenklatura parasitaire. CLOOP ne serait-il pas tout simplement l'URSS ?