Misérable miracle : la mescaline : avec quarante-huit dessins et documents manuscrits originaux de l'auteur

Ok. J’ai beau souvent vouloir fuir dans mes bouquins pour contrer une partie de réalité, être souvent attiré par des livres qui font l’apologie de moyens permettant de trouver une cabane mentale au confort bercé par différentes perceptions, j’avais dévoré Plume d’Henri Michaux comme un gosse de cinq ans à qui on offre sa première glace au chocolat, mais son Misérable miracle n’a eu aucune prise sur moi. Pourtant j’ai lu Les portes de la perception de Huxley qui est une expérience similaire de « tentative » de description de la prise de mescaline. J’avais été complètement emballé par le côté théologique et psychologique de son essai. Y’a eu aussi la récente publication du Foucault sous LSD qui était incroyable et l’anecdote sur le passage où Dumbo est bourré dans le film de Walt Disney - dû aux souvenirs de Walt complètement defoncé, m’a toujours fait marrer. Mais la rencontre entre la poésie de Michaux et la mescaline m’a profondément fais chier, j’ai passé mon temps à avoir envie de retrouver mes petits démons et le mot final pour moi sera - sans surprise - que, puisqu’on est unique, chaque vie sous trip est une expérience unique également ; tenter de la décortiquer de manière scientifique et avec tout le génie poétique du style de Michaux, c’est intéressant mais ça s’arrête là, t’es tout seul avec ta perche minou, c’est subjectif et c’est ce qui rend le truc aussi magique, point. My bad, on s’en remettra (vite).

Accumulations, répétitions, multiplications, pullulements, oscillations, tremblements, sillons, creusements... La mescaline chez Michaux provoque, dans un mouvement d'une célérité effrayante, une flopée de visions : des lignes, des traits, des visages, des formes, des couleurs obsédantes. À ce titre les multiples dessins qui jalonnent le livre donnent une idée (angoissante et vague) de ces incessantes apparitions. Puis le misérable miracle de la mescaline devient l'effroyable miracle, après une prise trop forte. Tout est décuplé : la peur, la rage, la confusion. Si Connaissances par les gouffres était une production poétique sous influence, Misérable miracle s'apparente plus à un journal de bord d'un possédé, au bord de l'hôpital psychiatrique. Et au milieu des abysses de la drogue, Michaux trouve encore le moyen d'être aussi drôle et singulier que d'habitude.