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Résumé
L'aménagement du territoire et le développement des villes concentrent de vives tensions, à l'heure où le Grand Paris fait miroiter ses promesses de profit, et alors que la concurrence internationale fait rage entre les grandes métropoles et entre les régions, désormais soumises au régime marchand. Les représentants politiques soutiennent et encouragent des partenariats public-privé qui ne font l'objet d'aucune concertation citoyenne. Selon Hacène Belmessous, cette tendance antidémocratique trouve son origine, en France, dans la construction décidée par de Gaulle du quartier d'affaires de la Défense (1958) ; il s'y trouve aujourd'hui la «Ferme du Bonheur» et le «Champ de la Garde», des espaces occupés par des «engagés» résolus à faire valoir la possibilité d'une autre ville possible. La ZAD de Notre-Dame-des-Landes et le barrage de Sivens sont le terrain d'affrontements plus ouverts, qui voient se heurter la force publique et des individus «hyperréalistes» fermement décidés à entraver la marche du «lobby spéculo-marchand». Qu'en est-il des leviers d'action dont disposent effectivement les habitants-citoyens ? Depuis la lutte du Larzac (1971-1981), soldée victorieusement par le renoncement de François Mitterrand à l'extension de l'emprise militaire sur le plateau, il semble acquis que seule une mobilisation locale vigoureuse est susceptible d'infléchir un projet d'aménagement particulier. Autrement dit, en l'absence prolongée d'un véritable droit à la ville pour tous, toute victoire lors d'une lutte locale ne constituerait que l'exception à la règle du renoncement institutionnel généralisé. Quand, peut-être, le barrage de Sivens se verrait reporté sine die, le dernier mouvement apparu en France, celui des révoltes sociales de 2005 dans les périphéries des grandes villes françaises, aura simplement été réprimé, et leurs habitants, sujets au séparatisme social, rayés de la carte citoyenne.