Boule de suif (Ed.1897)

J'avais déjà lu cette nouvelle en 2021 si je ne dis pas de bêtise, et j'avais été révoltée par cette lecture. Au premier abord, on sent que les personnages seront soient inexistants, soit particulièrement détestables. Seule Boule de Suif sort du lot. Il n'y a pas à dire, Maupassant sait peindre dans leurs plus grandes hypocrisie des personnages. Le destin de Boule de Suif est tragique à cause des autres qui durant un temps l'ont apprécié, pour mieux l'utiliser et la rejeter, tel un objet.

Maupassant réussit le tour de force de transformer une tragédie collective - celle d'un peuple - en celle d'une pécheresse qui sauvant les siens ne trouvera que dédain et humiliation supplémentaires. Le style est net agréable. L'intrigue est d'autant bien menée que courte. Et en toile de fond, on se surprend à réfléchir sur la nation. Une petite pépite.

Maupassant dresse une galerie de portraits plus vrais que nature qui nous transporte dans la société provinciale des des années 1870. Le tout avec sa prose à la fois fluide et belle, tout en restant simple. Les autres nouvelles offrent un bel échantillon de l’œuvre de Maupassant, alternant les styles du grivois jusqu’au tragique.

L'histoire est terrible et représente, à mon sens, le pire de l'être humain face à ses congénères. Des personnes comme tenus en otage par des officiers. Une femme qui accepte, face aux nombreuses demandes ( mais est-ce vraiment une demande puisqu'elle est vraiment plus qu'oppressante ?) des clients de l'hôtel. Une femme Boule de Suif est la seule qui puisse les sauver... En faut- il encore plus pour devenir Misanthrope ? Une série sur les nouvelles de Maupassant avait donné une fin différente de la nouvelle originale.

Quels salauds ces bourgeois !