La popularité de ce livre sur Gleeph
Résumé
En 2014-2015, « l'acte III de la réforme territoriale » crée treize grandes régions et élabore un nouveau statut de « métropole » ; ces nouvelles grandes régions françaises, polarisées autour de leurs grands centres urbains, sont conçues pour peser dans la compétition urbaine planétaire, signant par là la reconnaissance institutionnelle et le renforcement d'un processus amorcé dans les années 1980 de reconfiguration et de marchandisation accélérée des espaces vécus. Cette métropolisation, qui fait de la grande ville l'ultime lieu d'accumulation du capital, implique une expansion urbaine incessante et l'accélération des flux et des rythmes de vie. Transformant les métropoles en véritables firmes entrepreneuriales, elle a des conséquences internes (exclusion sociale et ségrégation spatiale) et externes (relégation et disqualification brutales des « périphéries ») génératrices de représentations de plus en plus négatives de l'urbain généralisé, voire de phénomènes croissants de désertion des villes. Une multitude de résistances ordinaires impliquant la construction de nouveaux liens avec la terre émerge ainsi en marge des grandes villes, allant de la relocalisation de la production maraîchère à l'occupation de zones menacées par les grands chantiers d'infrastructures de la métropolisation. Ces « initiatives de l'alternative » et ces luttes, nous dit Guillaume Faburel, sont productrices de communs à travers leurs trois dimensions spécifiques : habiter, coopérer, autogérer. Elles seraient alors l'expression d'une « biopolitique mineure » de transformation sociale radicale, dont le souci de ménager la totalité organique du vivant, ses lieux et ses rythmes, et le désir d'organiser collectivement les conditions de l'autonomie pourraient bien constituer le socle d'une contre-société décroissante face à la barbarie des métropoles et à l'abîme socioécologique où elles nous précipitent.