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Résumé
Avant d'être érigé par les historiens d'art comme le chef-d'oeuvre du génie classique français, puis de devenir, pour le tourisme international, une attraction incontournable, Versailles fut d'abord un instrument de gouvernement : défi jeté par Louis XIV à la face des puissances qui jusqu'alors menaient le jeu européen, en même temps que manifeste du régime qu'il achevait de mettre en place, la monarchie absolue. C'est à cette lecture politique que procède Gérard Sabatier, professeur d'histoire moderne à l'université Pierre Mendès France de Grenoble, en analysant les ensembles signifiants de la création louis-quatorzienne (jardins, grands appartements, escalier des Ambassadeurs, galerie des Glaces...). Situant l'entreprise dans un contexte chronologique et spatial élargi - la représentation du Prince dans l'Europe baroque -, la problématique associe l'analyse iconographique et l'utilisation des textes normatifs des contemporains. On découvre alors quel fut le véritable projet versaillais : abandonnant une mythologie apollinienne trop partagée, il consistait à représenter l'histoire de Louis le Grand pour tracer la figure du Roi parfait. Versailles ou l'imaginaire de l'absolutisme. Les contemporains usèrent-ils de cette imagerie conformément aux attentes du pouvoir ? Les manières de montrer les programmes iconographiques comme les jardins traduisent un dysfonctionnement qui, d'emblée, s'imposa. Plus fondamentalement, l'entreprise versaillaise venait trop tard, alors que commençait, avec le déclin des images symboliques, le désenchantement du monde. Aboutissement d'un discours figuratif triséculaire, Versailles en constitue le point d'orgue, mais aussi l'épuisement.