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Résumé
La messe de Kernascléden est un témoignage rare de ce que fut la vie culturelle en Bretagne à la fin du Moyen-Age, marquée par la volonté des ducs de Bretagne de s'ouvrir aux nouvelles formes musicales de leur temps. Ainsi le XVe siècle voit la fondation de nombreuses «chapelles» musicales ; chantres, orgues et sonneries sont désormais les attributs inséparables de la liturgie. Car la musique fait partie du message spirituel : la prière de l'Eglise, les Vies des saints, les miracles et mystères joués sur les parvis des cathédrales. La notion de sacré affleure partout, même si elle cotoie en de nombreuses occasions de l'année, les fêtes profanes qui jalonnent le calendrier : fêtes des fous, des innocents... Cette ouverture vers l'extérieur trouvera son illustration symbolique en la personne du prédicateur saint Vincent Ferrier, célèbre dominicain de Valence, familier de la cour des Papes en Avignon, mais aussi grand voyageur-évangélisateur allant de la Catalogne à l'Italie, de la Provence à la Galice monté sur un âne. Il parcourt le duché de Bretagne en 1418-1419, devant un public nombreux attiré par la qualité de ses sermons. Prêches puissants, récits édifiants, mises en scène marquantes, chants et musiques étaient conçus pour impressionner les fidèles. Aussi n'est-il pas étonnant de trouver dans l'iconographie des anges musiciens de Kernascléden les références à ces messes du Sud, d'Italie, de Provence, d'Aragon, de Catalogne et de l'Avignonais, toutes régions connues de saint Vincent Ferrier. Il faut souligner l'exceptionnelle valeur musicologique de la messe de Kernascléden, admirablement restituée par l'ensemble vocal Colortalea.