Le banquier anarchiste

énorme mindfuck ça rend vraiment zinzin (c'est énervant)

Quelle intelligente et courte farce: elle fait rire et réfléchir en 80 pages ! Ce banquier qui se dit anarchiste expose un raisonnement séduisant (j'ai vraiment aimé l'image des "fictions"), au travers duquel il se moque de notre hypocrisie : rêver d'un monde meilleur, sans système oppressif, tout en répétant sans cesse ses mécanismes. Alors il nous expose son raisonnement auquel on peut consentir au début, mais qui devient vite absurde et conclut que la solidarité n'est qu'une tyrannie qui méprise l'autre, tandis que l'argent donne le pouvoir de la liberté et de l'indépendance... L'anarchiste est un finalement un individualiste qui grogne sur les autres qui n'ont pas su/pu faire comme lui. Pessoa se moque délicieusement des bourgeois convaincus d'œuvrer pour leur liberté alors qu'ils ne font qu'engraisser un système duquel ils sont eux aussi prisonniers. On rit jaune, mais... On rit beaucoup !! Écrit en 1922 on le rappelle.

Pessoa nous plonge dans un dialogue avec le banquier anarchiste. Oxymore au premier abord, la logique implacable du banquier nous démontre son point de vue. À lire, jusqu'au bout, où la question la plus essentielle est posée Passionnant

Première incursion chez Pessoa, et déjà l’intelligence désespéré du Livre de l’Intranqulité se fait sentir. Maïeutique politique inattaquable, le dialogue expose une vérité navrante : le parcours politique du banquier vers l’anarchisme ne peut passer que par une prise de conscience exclusivement individuel. Tout système collectif tend vers la tyrannie, même avec les meilleurs intentions du monde. Qu’à cela ne tienne, le banquier s’y tient et pousse son raisonnement jusqu’au bout. Charge féroce et lucide, tout en étant aérienne et détachée, le texte laisse présager de la personnalité complexe et calmement torturée de Pessoa.

Il suffit de connaître l’histoire tragique de Fernando Pessoa pour apprécier l’un des rares ouvrages qu’il nous a laissés, surtout quand celui-ci mêle avec un génial brio le burlesque et le politique. Chacun trouvera dans ce petit livre un moment de légèreté sur une thématique au combien sensible - celle du rapport à l’argent - développant au passage un point de vue original sur le sens de notre système de production des richesses. Au titre davantage paradoxal qu’oxymorique, ce petit opuscule vous fera rire et réfléchir en même temps. N’est-ce pas la promesse d’une agréable heure de lecture ?