Les chemins de la haine

Nord-est de Londres : un corps calciné est découvert dans l'abri de jardin d'une famille anglaise. Les premières constatations laissent penser qu'il s'agirait d'un émigré estonien qui y vivait plus ou moins clandestinement. Accident malheureux ? Hélas non car la porte était cadenassée de l'extérieur et tout porte à croire que le pauvre homme a été brûlé vif. L'enquête est confiée à la section des crimes de haine du commissariat de Peterborough, dirigée par l'inspecteur Zidig (d'origine serbe mais né en Angleterre) et à son adjointe, le sergent Mel Ferreira, une portugaise arrivée enfant au Royaume-Uni. Il faut dire que l'Angleterre fait figure d'Eldorado pour de nombreux étrangers, migrants Africains, des pays de l'est ou encore de Chine. Arrivés sur place ils sont pris en charge par des réseaux mafieux et constituent une main d'œuvre bon marché. Exploités sans pitié, ils travaillent 16 heures par jour pour un salaire de misère dans des entreprises de construction, des exploitations agricoles ou sont contraints à se prostituer dans les arrières salles des pubs dont les patrons peu regardant prélèvent leurs parts. À travers cette enquête, l'auteure nous invite à visiter la face cachée du libéralisme britannique qui fait payer le prix fort à ceux qui restent au bord du chemin, notamment les "anglais de souche" qui se sentent déclassés et dont les emplois sont "captés" par les étrangers. Racisme, xénophobie, populisme... Des ingrédients explosifs qui menacent l'Angleterre mais aussi la vieille Europe en proie à la crise économique. Plus qu'un polar (c'en est un, très réussi, l'enquête est intelligente, le suspens réel) ce roman noir donne à réfléchir sur nos sociétés modernes et notre regard sur les émigrés, victimes de préjugés, souffrant d'exclusion et qui sont bien loin de chez eux...