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Résumé
Paris à fleur de pierre « La beauté que nous révèlent les photographies d'Éric Sander n'est pas baudelairienne, dans l'exacte mesure où la photographie est justement l'art qui permet de déplacer les lignes et d'affronter, pour la mettre à l'épreuve, l'apparente impassibilité du " rêve de pierre ". En faisant varier l'angle de vue, en privilégiant, un peu fétichiste, telle ou telle partie d'un corps avant d'en saisir la totalité, en révélant, comme à la loupe, la sensualité physique de la pierre sous la courbe d'une hanche, du marbre sous le modelé d'une cuisse, ou du bronze sous la fermeté d'un sein, en opérant un incessant aller-retour entre forme et matière, le photographe rejoint et en un sens renouvelle l'acte créateur du sculpteur. [...] Il y a plus de mille statues dans Paris, associées ou non à un monument. Le XIXe siècle a contribué pour beaucoup à cette collection et divers sculpteurs ont porte un intérêt particulier à la plastique du corps humain, qu'ils aient représenté des dieux, des héros et des épisodes de l'antiquité grecque ou latine, ou donné figure humaine à diverses allégories. En nous révélant la beauté de certaines de ces représentations et l'émotion qu'elles peuvent susciter pour peu qu'on les observe en choisissant le bon angle de vue, en privilégiant l'expression d'un regard ou d'un geste, le photographe nous enseigne à respecter l'intention artistique, à savoir la saisir et l'apprécier jusque dans les thèmes les plus officiels ou les plus convenus, et à reconnaître l'originalité qu'elles confèrent à la ville, une originalité qui pouvait faire scandale à l'occasion et qui n'a rien perdu de sa force en se coulant dans nos habitudes et nos manières de voir ou de ne plus voir. » Marc Augé